Le Journal de Quebec

La prière revient à l’université de Montréal

- joseph.facal@quebecorme­dia.com

Le 7 mars dernier, plusieurs ont sursauté à l’université de Montréal.

Pascale Lefrançois, vice-rectrice aux affaires étudiantes et aux études, annonçait le démarrage immédiat d’un projet pilote : des locaux de prière sur le campus principal.

Ces salles, précise-t-on, seront multiconfe­ssionnelle­s, ouvertes entre 11 h 30 et 12 h 45, « pour la prière individuel­le seulement », réservées « aux membres de la communauté universita­ire, sur leur temps personnel, peu importe leur origine, leur genre et leur religion ».

On ajoute : « Aucune prière communauta­ire dirigée par un officier ne peut y avoir lieu et la prière doit se faire en silence seulement ».

Si « le bilan est positif », le projet « pourrait être prolongé et étendu à d’autres campus ». En cas de non-respect des consignes, il prendra fin immédiatem­ent.

Ces salles, dit-on, « étaient toutes disponible­s après l’attributio­n des locaux selon nos politiques en vigueur ».

L’annonce surgit dans un drôle de contexte.

LAÏCITÉ

Une université n’est certes pas un ministère, une société d’état ou une école publique relevant d’un centre de services (les anciennes « commission­s scolaires »).

Tout de même, l’annonce survient près d’un an après l’adoption par l’assemblée nationale d’une motion affirmant que la « mise en place de lieux de prière, peu importe la confession, dans les locaux d’une école publique va à l’encontre du principe de laïcité ».

Les centres de services auxquels le ministre Drainville a fait parvenir une directive interdisan­t les lieux de prière incluent des centres de formation profession­nelle et de retour aux études pour des adultes.

La loi 21, elle, n’interdit pas explicitem­ent les locaux de prière dans les établissem­ents universita­ires, mais elle consacre des principes généraux de séparation de l’état et des religions qui incluent ces institutio­ns.

Elle a aussi été suivie par le retrait des crucifix des palais de justice et de l’assemblée nationale.

Bref, cette décision de l’université de Montréal, une institutio­n lourdement financée par les fonds publics, légale à première vue, va à contre-courant du mouvement général de notre société depuis la Révolution tranquille.

Cette décision de l’administra­tion fait suite à des demandes d’étudiants musulmans. Il tombe sous le sens que la revendicat­ion était portée par les plus militants d’entre eux.

DES QUESTIONS

Je voudrais savoir :

1. Pourquoi avoir pris cette décision et pourquoi maintenant ?

2. Qui a pris cette décision et au terme de quel processus ?

3. Comment concilier cette disponibil­ité des locaux avec la complainte récurrente sur leur pénurie ? 4. Comment s’assurera-t-on de l’absence de ségrégatio­n fondée sur le sexe ?

5. Dans une salle dite « multiconfe­ssionnelle », a-t-on déjà vu des gens de religions différente­s prier côte àcôte?

6. Puisque la réponse à la question

« Cette décision de l’université de Montréal, une institutio­n lourdement financée par les fonds publics, légale à première vue, va à contre-courant du mouvement général de notre société depuis la Révolution tranquille »

précédente a toutes les chances d’être négative et que la demande émane d’étudiants d’une seule confession, comment justifier cette concession à un groupe unique ?

7. L’université de Montréal disposet-elle d’un avis juridique lui confirmant la compatibil­ité de ces locaux de prière avec la loi 21 ?

Je suis curieux.

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