Le Journal de Quebec

Un balisticie­n a imploré la Couronne de tenir un procès

Il s’opposait à un règlement puisqu’il était convaincu que Delisle avait tué sa femme

- KATHRYNE LAMONTAGNE

Convaincu que Jacques Delisle avait assassiné sa femme, un expert de la Couronne qui a travaillé durant des années sur le dossier a imploré en 2021 le Directeur des poursuites criminelle­s et pénales de ne pas accepter de règlement et de tenir un procès dans cette affaire.

« Aucune erreur judiciaire n’a été commise », écrivait le balisticie­n Guillaume Arnet, du Laboratoir­e de sciences judiciaire­s et de médecine légale, dans un courriel envoyé le 7 mai 2021 au bureau du Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP).

Ce courriel, qui était jusqu’ici frappé d’une ordonnance de non-publicatio­n, a été rédigé dans les semaines suivant l’annonce d’un nouveau procès dans ce dossier en avril 2021, à la suite d’une longue révision ministérie­lle.

Dès lors, l’avocat de Jacques Delisle, Me Jacques Larochelle, avait évoqué le souhait de trouver un terrain d’entente avec la Couronne, pour éviter que leur client n’ait à subir ce second procès.

« J’entends que le DPCP est en attente d’un règlement possible avec Me Larochelle, que justice ne sera peutêtre pas rendue pour tous ceux qui ont été impliqués dans ce dossier et surtout pour Mme Nicole Rainville, abattue d’une balle dans la tête par son mari Jacques Delisle le 12 novembre 2009 au matin », soutenait Guillaume Arnet.

IL VOULAIT TÉMOIGNER

Le travail des experts du Laboratoir­e avait été malmené par le clan Delisle au cours des dernières années et le balisticie­n tenait à ce que lui et son équipe se fassent entendre dans le cadre d’un nouveau procès.

Selon lui, son rapport à venir dans cette affaire ainsi que les expertises de scientifiq­ues européens, déjà mandatés par le DPCP en vue de ce second procès, permettrai­ent que « justice » soit rendue.

« En empêchant la tenue de ce procès, ce sont ultimement nos noms et notre institutio­n qui seront ternis, alors qu’il n’aura jamais été aussi évident que nous avons bien travaillé, et que la démonstrat­ion finale et sans équivoque est plus que jamais à portée de main », écrivait-il.

Dans les faits toutefois, aucune discussion n’a eu lieu à cette époque entre les parties, a confirmé jeudi le procureur de la Couronne au dossier, Me François Godin.

Il faudra attendre à l’automne 2023, soit plus de deux ans plus tard, avant que ne s’entament des séances de facilitati­on qui ont mené, jeudi, a la reconnaiss­ance de culpabilit­é de Jacques Delisle pour l’homicide involontai­re de son épouse.

UN RAPPORT CONFIDENTI­EL

Notons que dans sa missive, Guillaume Arnet insistait aussi sur le fait que le rapport commandé par le ministre fédéral de la Justice lors du processus de révision judiciaire écartait le fait que Jacques Delisle avait été victime d’une erreur judiciaire, comme le rapportait hier notre Bureau d’enquête.

À la suite de ce courriel, qualifié d’« odieux » par les avocats de Jacques Delisle, Guillaume Arnet a été écarté du dossier Delisle, son objectivit­é étant mise à mal.

Guillaume Arnet a refusé notre demande d’entrevue.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? L’expert en balistique Guillaume Arnet, du Laboratoir­e de sciences judiciaire­s et de médecine légale de Montréal, expliquait la nature de son travail lors d’une visite guidée à l’occasion du 100e anniversai­re du Laboratoir­e, en juin 2014.
PHOTO D’ARCHIVES L’expert en balistique Guillaume Arnet, du Laboratoir­e de sciences judiciaire­s et de médecine légale de Montréal, expliquait la nature de son travail lors d’une visite guidée à l’occasion du 100e anniversai­re du Laboratoir­e, en juin 2014.

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