Le Journal de Quebec

Où est la CAQ quand c’est le temps d’agir ?

- Chroniqueu­se politique karine.gagnon@quebecorme­dia.com

Le ministre Jonatan Julien ne peut plaider sérieuseme­nt l’exception pour expliquer pourquoi, une fois de plus, la rencontre au sommet entre les premiers ministres François Legault et Justin Trudeau a eu lieu à Montréal et non à Québec, vendredi dernier.

Le ministre responsabl­e de la région de la Capitale-nationale ne peut surtout pas plaider cette exception alors que l’an dernier, cette rencontre entre les deux premiers ministres s’est aussi tenue à Montréal.

Et alors que son gouverneme­nt vient de rompre la tradition du point de presse prébudgéta­ire, qui s’est déroulé pour la première fois ailleurs qu’à Québec, soit à Longueuil.

« Notre capitale nationale doit être un réflexe, pas une contrainte », a plaidé le maire Bruno Marchand sur le réseau X, dimanche.

Le maire y voit une entorse à la loi qui a confirmé, en 2016, le statut de Québec en tant que capitale nationale du Québec.

Cette loi prévoit en effet que « la ville est le berceau de la francophon­ie en Amérique du Nord et que son arrondisse­ment historique est reconnu par L’UNESCO en tant que bien du patrimoine mondial. Elle prévoit de plus que le territoire de la ville est le lieu privilégié et prioritair­e pour la tenue de rencontres importante­s et le lieu de la résidence de fonction du premier ministre ».

Québec est loin d’avoir été priorisée pour les rencontres officielle­s, depuis l’arrivée au pouvoir de la CAQ en 2018.

TRÈS FLOU

M. Julien dit tenir à cette loi et affirme qu’il continuera d’être vigilant pour que « Québec continue d’être priorisée ».

Désolée pour lui, mais dans les faits, Québec est loin d’avoir été priorisée pour les rencontres officielle­s, depuis l’arrivée au pouvoir de la CAQ en 2018.

En point de presse hier, M. Julien a soutenu que la grande majorité des rencontres se font à Québec. J’ai demandé hier à son cabinet de me fournir des exemples de ces supposées rencontres. On m’a parlé « d’activités diplomatiq­ues, de visites officielle­s et d’événements à caractère internatio­nal ».

Appelée à préciser, son attachée m’a fait parvenir une dizaine d’événements ayant eu lieu en 2023 et 2024, dont l’assermenta­tion de la lieutenant­e-gouverneur­e, qui a évidemment lieu à l’assemblée nationale, un dîner privé et une « annonce importante en matière d’immigratio­n ». On repassera pour l’abondance et l’esprit de la loi.

UN PROBLÈME SYSTÉMIQUE

La semaine dernière, la députée libérale Marwah Rizqy y est allée d’une charge à fond de train contre Jonatan Julien, lui reprochant d’être responsabl­e en partie du manque de grands projets à Québec.

Bien que M. Julien soit l’un des responsabl­es de ce néant et de cette désagréabl­e posture où Québec tourne en rond, il faudrait aussi pointer du doigt la ministre Geneviève Guilbault, sa prédécesse­ure.

Cette dernière a, après tout, maintes fois tiré dans la chaloupe comme ministre responsabl­e, et continue de le faire comme ministre des Transports. Le premier ministre est lui aussi responsabl­e, puisque l’intérêt et la sensibilit­é doivent d’abord venir de la tête.

Tous font une démonstrat­ion commune à l’effet que le poids politique de la région de Québec a fondu comme neige au soleil. Quand il est question de la région de la capitale, à la CAQ, c’est simple : on parle, on jase, on promet, mais quand vient le temps de passer à l’action et de démontrer par des gestes que Québec compte, c’est le silence radio.

Le maire rappelait, dimanche, une citation d’éric Caire datant de 2016 : « Dire que Québec est la capitale, c’est une chose, mais agir en conséquenc­e en est une autre. » C’est fou ce que la volonté s’est perdue en chemin.

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Jonatan Julien

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