Le Journal de Quebec

LAURENT DU LOIN D'AVOIR DIT SON DERNIER MOT

- Chroniqueu­se politique karine.gagnon@ quebecorme­dia.com

Considéré comme le sprinter qui a remporté le plus de succès au Canada dans la dernière décennie, Laurent Dubreuil n’en a pas fini avec le patinage de vitesse et vise d’ailleurs les Jeux olympiques de 2026. Mais il se prépare aussi pour la nouvelle vie qui suivra.

Attrapé presque par miracle pour une longue entrevue entre deux compétitio­ns, cet hiver, l’athlète de Lévis n’était pas peu fier de dire qu’il était à quelques semaines d’avoir complété son baccalauré­at en communicat­ion de l’université Laval.

« Je suis très fier, pas parce que je suis excellent, mais à cause de la persévéran­ce que ça m’a demandée. Ça m’a pris neuf ans, je n’ai jamais arrêté, à coup d’un, deux ou trois cours par session », raconte-t-il, remerciant ses parents, car ce sont vraiment eux qui lui ont fait comprendre l’importance des études.

Performant sur la glace, le jeune homme était moins passionné par l’école, plus jeune. Mais pour son père et sa mère, les olympiens Robert Dubreuil et Ariane Loignon, ce n’était pas négociable. « Si tu veux continuer ton patin, tu continues ton école », lui ont-ils répété ad nauseam.

Et heureuseme­nt, car à 31 ans, le patineur réalise plus que jamais qu’à sa retraite, dans quelques années, il lui restera encore 30 ans de vie active.

« Trop d’athlètes font l’erreur de passer à côté », observe celui qui rêve d’une deuxième carrière dans les médias.

AFFAIRE DE FAMILLE

N’empêche que chez les Dubreuil, ça commençait à patiner jeune, puis ça parlait de patinage de vitesse sans arrêt, se souvient Laurent. Il ne pouvait en être autrement.

Intronisé au Temple de la renommée de patinage de vitesse Canada en 2022, son père dirige la Fédération québécoise de patinage de vitesse depuis bientôt 30 ans.

Il a participé aux Jeux olympiques de Calgary, en 1988, où les épreuves de courte piste étaient un sport de démonstrat­ion, et a terminé 14e au

500 mètres à Albertvill­e, en 1992.

Il a aussi milité pour que Québec puisse être dotée d’un anneau intérieur.

Sa mère, Ariane Loignon, a remporté l’or en relais féminin aux championna­ts du monde à Chamonix, en 1986, et a participé aux Jeux olympiques de Calgary en 1988. Elle a longtemps été entraîneus­e.

Puis, son frère Daniel a participé à des championna­ts du monde juniors et est devenu entraîneur. Sa soeur Anna-belle a participé aux Jeux du Canada et a été entraîneus­e.

« Si on additionne le nombre d’années d’expérience qu’on a [dans la famille], ça doit frôler les 200 ans probableme­nt », lance le patineur en riant.

Petit, Laurent Dubreuil a vite chaussé ses patins pour fouler la patinoire aménagée par son père dans la cour. Il a ensuite intégré le club de patinage sur la rive sud, et figurait déjà pas mal toujours parmi les meilleurs.

Cependant, à cette époque, le patinage était davantage comme un jeu pour lui, confie-t-il. « Je n’étais pas le plus vaillant à l’entraîneme­nt. On avait une approche multisport­s d’épanouisse­ment de soi, chez mes parents. C’était pas de la performanc­e à tout prix. »

L’accent était mis sur la persévéran­ce, l’importance de repousser ses limites et de faire preuve d’une bonne attitude.

Il se souvient d’avoir dit à sa mère qu’il n’écouterait pas ses conseils

« car elle ne savait même pas patiner ». « Je ne réalisais pas vraiment que mes parents avaient été champions », se souvient-il.

Laurent Dubreuil possède une impression­nante feuille de route. Médaillé d’argent au 1000 mètres lors des derniers Jeux olympiques, il a remporté neuf médailles en championna­ts du monde, dont sept individuel­les.

Il a aussi été trois fois champion du monde, en 2021, 2023 et 2024. Lors de coupes du monde, il a gagné 36 médailles individuel­les et 11 par équipe.

« Ça commence à faire beaucoup, mais il m’en reste encore quelquesun­es dans les jambes à aller chercher », s’empresse de préciser l’athlète, qui souligne être aussi motivé et passionné qu’au premier jour.

Après notre entretien, il a d’ailleurs ajouté à son tableau une médaille de bronze au mondial sprint en Allemagne.

NOUVEL ENVOL

Depuis quatre ans, la vie de Laurent Dubreuil a pris un nouvel envol, avec la naissance de sa fille Rose. Au départ, il craignait des effets sur sa carrière, avec le manque de sommeil notamment.

Mais ç’a été exactement l’effet inverse : il est devenu meilleur, constate-t-il. « Le meilleur préparateu­r mental que j’ai eu, c’est vraiment ma fille, dit-il. J’ai arrêté d’être stressé pour mes courses », dit celui qui d’avance est peu stressé de nature.

Le bien-être de ses enfants, souligne le jeune père, c’est le plus important désormais.

« Le patin, c’est pas ce que je suis, c’est ce que je fais. D’être un père de famille, c’est ce qui me définit. Mon bonheur n’est pas relié à mes résultats. »

Depuis, le couple a aussi eu le bonheur d’accueillir Nathan, autre petit rayon de soleil. Contrairem­ent à sa grande soeur, le petit ne ressent pas encore l’ennui. C’est ce qui pèse le plus à Laurent Dubreuil actuelleme­nt : gérer l’ennui et les larmes de sa fille quand il quitte la maison pour de longs mois.

DEUX MOIS DE PLUS À LA MAISON

Heureuseme­nt, avec le centre de glace qui a ouvert en 2021, à Québec, il peut s’entraîner beaucoup plus à Québec. Ça lui a permis de gagner deux mois de plus à la maison, entre autres avantages.

Ce centre, que s’est approprié la population de Québec, a aussi permis à Laurent Dubreuil de côtoyer l’une de ses idoles, Gaétan Boucher, qui patinait avec ses parents, qui en parlaient comme d’un dieu grec, une légende, se souvient-il.

S’il a renoncé à être aussi bon que lui, glisse-t-il, Laurent Dubreuil rêve d’être encore aussi passionné de son sport plus tard, et de continuer d’assister à des compétitio­ns un peu partout, comme le fait Gaétan Boucher. À l’écouter, aucun doute que ce souhait se concrétise­ra.

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PHOTO D’ARCHIVES FOURNIE PAR L’UNION INTERNATIO­NALE DE PATINAGE Laurent Dubreuil a remporté la médaille de bronze le 8 mars au championna­t mondial sprint de patinage de vitesse longue piste qui se déroulait à Inzell en Allemagne.
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