Le Journal de Quebec

Menaces contre des élus : voir la réalité en face

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Cette histoire de menaces de mort contre le chef péquiste Paul St-pierre Plamondon et sa famille n’a malheureus­ement rien d’étonnant. Que ce soit contre des élus, des journalist­es ou dans la vie de tous les jours, l’époque est à la violence verbale et parfois même physique.

Dans plusieurs milieux de travail, on doit même afficher des messages demandant aux gens de ne pas crier, frapper, menacer ou même cracher sur les employés. Ce n’est sûrement pas la société dans laquelle j’ai grandi…

Cette violence, heureuseme­nt, est le fait d’une minorité, mais elle gagne du terrain. Le phénomène est complexe. On sait néanmoins que les médias sociaux facilitent l’envoi anonyme d’insultes et de menaces.

Bien avant la pandémie, on le vivait déjà. Les femmes, encore plus. La pandémie a toutefois accéléré le mouvement. L’isolement social extrême durant les premières vagues, la montée de la détresse psychologi­que et les théories complotist­es ont fait le reste.

Parce qu’il mine le tissu social et politique de l’intérieur, le sujet de la violence est d’une importance capitale. Il faut en parler. Regarder la bête dans les yeux.

Il faut le faire non pas pour jouer à la victime, mais pour discuter ouvertemen­t de civisme et de respect dans nos sociétés bien plus meurtries qu’on le pense. L’enseigner même à l’école.

VOIR LA RÉALITÉ EN FACE

Cela dit, d’un côté, je compatis avec Paul St-pierre Plamondon. Je comprends qu’il n’ait pas voulu que les médias le montrent en état de désarroi lors d’un événement alors qu’il répondait aux questions sur les menaces qu’il avait reçues et l’arrestatio­n d’un suspect.

En même temps, il faut savoir que l’événement n’était pas privé. Le sujet étant d’intérêt public, que des médias aient jugé bon de diffuser ce court moment s’explique aussi.

Surtout, il est grand temps que les citoyens voient ce côté plus sombre de la réalité. Quand des élus et leur famille sont l’objet de menaces de mort, comme n’importe qui, il est normal qu’ils en soient bouleversé­s et inquiets.

Ce moment émotif de Paul St-pierre Plamondon avait en effet le mérite d’être vrai. Ce n’était pas une « ligne de communicat­ion » peaufinée par des conseiller­s. C’était un moment bien réel et bien concret.

UNE TERRE TRANQUILLE, MAIS…

Le Québec est une terre tranquille, mais il n’est pas exempt d’épisodes de violence contre des élus. Comment oublier l’attentat politique au Métropolis ?

Le 4 septembre 2012, Richard Henry Bains, déterminé à tuer la nouvelle première ministre Pauline Marois, parce qu’elle était souveraini­ste, a tué le technicien de scène Denis Blanchette et blessé grièvement son collègue, Dave Courage.

Douze ans plus tard, ici comme ailleurs, la violence verbale et parfois physique sévit dans nos sociétés sous diverses formes. L’univers politique n’est pas épargné. Cette tendance, je le crains fort, s’installe.

Le fait est que le monde ne va pas bien. L’isolement social s’accentue.

Les écarts de richesse se creusent à nouveau. Pour de plus en plus d’entre nous, se loger et se nourrir décemment devient un parcours du combattant.

Les médias dits sociaux créent aussi la dangereuse illusion d’un monde plus « connecté » alors qu’ils nous isolent plus que jamais les uns des autres.

La souffrance et l’isolement ambiants s’expriment en partie par la colère et l’agressivit­é.

C’est en adoptant des politiques nettement plus justes et plus humaines que les gouverneme­nts pourraient amoindrir ces souffrance­s.

C’est aussi à nous tous de favoriser des débats pacifiques et aux autorités de bien assurer la sécurité des élus, tous paliers confondus.

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Quand des élus et leur famille sont l’objet de menaces, comme n’importe qui, il est normal qu’ils en soient bouleversé­s et inquiets.

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