Marquées à vie par ces heures de pure horreur
Rage, sentiment d’insécurité, troubles anxieux : les trois femmes agressées sexuellement restent marquées au fer rouge.
Une victime de James José Valbuena Reyes avait depuis peu fui « le danger vécu dans son pays », le Salvador, lorsqu’elle est tombée dans ses griffes.
« Elle avait l’impression qu’ici tout le monde était bon », a souligné la juge Louise Leduc mardi au palais de justice de Longueuil.
À la recherche d’un emploi, la femme a vu une publication en mars 2020. Infirmière dans son pays, elle est venue faire le ménage à deux reprises chez l’agresseur. Celui-ci vivait au sous-sol d’une maison habitée par sa mère et son frère.
Mais la troisième fois, Valbuena Reyes lui a proposé un verre de quelque chose qui s’apparentait à du vin. Elle s’est sentie un peu étourdie.
Lorsqu’elle était rendue à nettoyer sa chambre, il est entré et l’a poussée sur le lit. Et même si elle lui disait non, il a assouvi ses bas instincts. Il l’a reconduite chez elle et lui a donné 40 $ de plus pour son boulot.
30 $ POUR SA DOCILITÉ
Deux jours plus tard, elle est retournée chez lui puisqu’elle « avait tellement besoin de travailler ». Il a répété le même manège et cette fois, il lui a laissé 30 $ de plus parce qu’elle « s’était bien comportée ».
Depuis l’agression, « tout a disparu » pour elle. Son mariage s’est écroulé.
« Elle a de l’agressivité, elle pleure beaucoup, elle n’a plus une vie normale, elle souffre de troubles anxieux », a dit la juge en résumant le témoignage de la victime lors des observations sur la peine.
REMORDS ET DÉGOÛT
La femme agressée en mai 2021 éprouve encore des remords d’avoir accepté de rencontrer cet individu, a-t-elle raconté en espagnol.
« Elle a de la difficulté à faire confiance aux employeurs et craint qu’on lui fasse du mal à nouveau. Elle ne se sent pas en sécurité », a rappelé la magistrate mardi.
La troisième victime ressent pour sa part de la rage et de la peur.
« J’ai commencé à éprouver du dégoût pour les hommes », a-t-elle dit dans une déclaration déposée à la Cour.
Elle ne tolère plus l’odeur du parfum d’un homme. Elle a également de la difficulté à marcher seule dans la rue.
« Si l’anxiété est un état psychoémotionnel, elle se manifeste physiquement. Depuis ce jour, j’ai une sensation d’inconfort entre mon estomac et mon oesophage, comme si j’avais envie de vomir tout le temps », a-t-elle laissé tomber.