La CAQ ou la politique de l’impuissance
La CAQ s’installa au pouvoir en 2018, puis fut triomphalement réélue en 2022.
Son succès reposait sur deux facteurs liés.
Le premier était la lassitude à l’endroit du duopole PQ-PLQ.
Le second était cette idée qu’il serait possible pour le Québec de faire des avancées au sein du Canada, donc sans nécessité de faire l’indépendance.
BILAN
Jadis, L’ADQ véhiculait aussi cette idée, mais elle ne prit jamais le pouvoir, ce qui maintenait vivante cette possibilité.
À partir du moment où la CAQ devenait le gouvernement, il fallait livrer la marchandise, aller chercher ces gains qu’on avait fait miroiter.
La CAQ avait une liste de demandes à présenter à Ottawa. Voyons voir.
Pleins pouvoirs pour la sélection des immigrants : NON.
Rapatriement des budgets fédéraux en culture : NON.
Transferts de points d’impôt du gouvernement fédéral : NON.
Encadrement des dépenses fédérales dans les champs de compétence du Québec : NON.
Déclaration de revenus unique : NON.
Transferts fédéraux pour la santé à une hauteur de 6 milliards par année : NON.
Transfert des budgets fédéraux dans les programmes d’infrastructures : NON.
Transfert au Québec du contrôle des installations portuaires le long du Saint-laurent : NON.
Prépondérance des lois du Québec en environnement : NON.
Droit de retrait avec pleine compensation financière d’un programme fédéral si le Québec a un programme équivalent : NON.
Implication formelle du Québec dans le choix des juges à la Cour suprême : NON.
Abolition ou réforme du Sénat : NON.
Abolition de la fonction de lieutenant-gouverneur : NON.
Reconnaissance entière du Québec en tant que nation : NON.
Droit de veto sur les modifications constitutionnelles : NON.
Je pourrais continuer, mais je m’arrête faute de place.
Le bilan est nul ou quasi nul.
On a fermé le chemin Roxham, mais les demandeurs d’asile arrivent maintenant carrément en avion.
Non seulement le Québec n’a rien obtenu qu’on puisse sérieusement qualifier de gain, mais les refus d’ottawa viennent plus vite et sont plus fermes que jadis.
Pire, Ottawa ne se contente pas de dire non, mais fait parfois volontairement le contraire de ce que voudrait le Québec, comme on l’a vu avec l’augmentation du nombre de dossiers de réunification familiale en immigration, qui dépassait les volumes fixés par le gouvernement Legault.
On ajoute la provocation au mépris.
MUR
« On ne laissera pas le déclin du Québec se poursuivre », disait François Legault en 2015.
Fin mai 2022, il en était rendu à évoquer notre « louisianisation ».
Le 6 octobre de la même année, il déclarait : « Si les Québécois veulent que le gouvernement du Québec ait plus de pouvoirs en immigration, il n’y a personne qui va pouvoir résister àça.»
Ottawa n’a pas seulement résisté, il en rigole.
Des gains concrets pour le Québec dans le Canada d’aujourd’hui ? Même le PLQ ne fait plus semblant d’y croire.
L’illusion de la CAQ s’est fracassée contre le mur du réel.
Une troisième voie ? L’ADQ ne prit jamais le pouvoir. Mais à partir du moment où la CAQ devenait le gouvernement, il fallait livrer la marchandise, aller chercher ces gains qu’on avait fait miroiter.