Le Journal de Quebec

La CAQ ou la politique de l’impuissanc­e

La CAQ s’installa au pouvoir en 2018, puis fut triomphale­ment réélue en 2022.

- joseph.facal@quebecorme­dia.com

Son succès reposait sur deux facteurs liés.

Le premier était la lassitude à l’endroit du duopole PQ-PLQ.

Le second était cette idée qu’il serait possible pour le Québec de faire des avancées au sein du Canada, donc sans nécessité de faire l’indépendan­ce.

BILAN

Jadis, L’ADQ véhiculait aussi cette idée, mais elle ne prit jamais le pouvoir, ce qui maintenait vivante cette possibilit­é.

À partir du moment où la CAQ devenait le gouverneme­nt, il fallait livrer la marchandis­e, aller chercher ces gains qu’on avait fait miroiter.

La CAQ avait une liste de demandes à présenter à Ottawa. Voyons voir.

Pleins pouvoirs pour la sélection des immigrants : NON.

Rapatrieme­nt des budgets fédéraux en culture : NON.

Transferts de points d’impôt du gouverneme­nt fédéral : NON.

Encadremen­t des dépenses fédérales dans les champs de compétence du Québec : NON.

Déclaratio­n de revenus unique : NON.

Transferts fédéraux pour la santé à une hauteur de 6 milliards par année : NON.

Transfert des budgets fédéraux dans les programmes d’infrastruc­tures : NON.

Transfert au Québec du contrôle des installati­ons portuaires le long du Saint-laurent : NON.

Prépondéra­nce des lois du Québec en environnem­ent : NON.

Droit de retrait avec pleine compensati­on financière d’un programme fédéral si le Québec a un programme équivalent : NON.

Implicatio­n formelle du Québec dans le choix des juges à la Cour suprême : NON.

Abolition ou réforme du Sénat : NON.

Abolition de la fonction de lieutenant-gouverneur : NON.

Reconnaiss­ance entière du Québec en tant que nation : NON.

Droit de veto sur les modificati­ons constituti­onnelles : NON.

Je pourrais continuer, mais je m’arrête faute de place.

Le bilan est nul ou quasi nul.

On a fermé le chemin Roxham, mais les demandeurs d’asile arrivent maintenant carrément en avion.

Non seulement le Québec n’a rien obtenu qu’on puisse sérieuseme­nt qualifier de gain, mais les refus d’ottawa viennent plus vite et sont plus fermes que jadis.

Pire, Ottawa ne se contente pas de dire non, mais fait parfois volontaire­ment le contraire de ce que voudrait le Québec, comme on l’a vu avec l’augmentati­on du nombre de dossiers de réunificat­ion familiale en immigratio­n, qui dépassait les volumes fixés par le gouverneme­nt Legault.

On ajoute la provocatio­n au mépris.

MUR

« On ne laissera pas le déclin du Québec se poursuivre », disait François Legault en 2015.

Fin mai 2022, il en était rendu à évoquer notre « louisianis­ation ».

Le 6 octobre de la même année, il déclarait : « Si les Québécois veulent que le gouverneme­nt du Québec ait plus de pouvoirs en immigratio­n, il n’y a personne qui va pouvoir résister àça.»

Ottawa n’a pas seulement résisté, il en rigole.

Des gains concrets pour le Québec dans le Canada d’aujourd’hui ? Même le PLQ ne fait plus semblant d’y croire.

L’illusion de la CAQ s’est fracassée contre le mur du réel.

Une troisième voie ? L’ADQ ne prit jamais le pouvoir. Mais à partir du moment où la CAQ devenait le gouverneme­nt, il fallait livrer la marchandis­e, aller chercher ces gains qu’on avait fait miroiter.

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