Sondage : quand la tendance se maintient...
Le sondage paru dans les pages du Journal de Montréal mercredi confirme ce que plusieurs enquêtes d’opinion publique confirmaient depuis un temps : la CAQ est en décrochage électoral complet. Si la tendance se maintient, elle sera balayée en 2026.
Nous n’y sommes évidemment pas encore. Bien des choses peuvent se produire d’ici là. Mais une telle chute dans les sondages interroge.
Comment l’expliquer ? C’est ce que se demandent plusieurs analystes.
CAQ
S’agit-il du revirement sur le troisième lien ? S’agit-il de sa difficulté à gérer l’inflation, ou simplement, d’un retour de feu de l’après-covid ? Depuis quelques jours, on se demande s’il s’agit du budget. Toutes ces réponses sont évidemment bonnes. La CAQ, depuis sa réélection, ne sait plus trop où elle va. Elle n’a plus de boussole.
On ne comprend plus trop le sens de son mandat.
Mais toutes ces questions sont condamnées à rajouter du brouillard au brouillard si on s’entête à nier l’évidence : la CAQ paie le prix de l’échec de son nationalisme – on pourrait aussi parler de l’effondrement de sa stratégie nationaliste.
Résumons la chose ainsi : en 2018, la
CAQ a remporté les élections en promettant un nationalisme autonomiste gagnant. Dans son premier mandat, elle a livré partiellement la marchandise, avec la loi 21, sur la laïcité, puis la loi 96, qui renforçait un peu la loi 101.
Ce n’était pas rien. Il s’agissait d’un nationalisme fondé sur une forme d’unilatéralisme stratégique.
Mais le deuxième mandat vire au fiasco, comme on le voit avec la question de l’immigration.
François Legault ne cesse de le répéter : nous courons vers la catastrophe. Soyons plus exacts : la catastrophe est déjà là. Nous en avons d’abord pris conscience avec la crise des « réfugiés », qui arrivent par vagues au Québec.
Nous avons ensuite compris qu’ils ne représentaient qu’une composante de cette crise parmi d’autres : sur le fond des choses, c’est la politique d’immigration canadienne qui frappe le Québec de plein fouet et le condamne à la noyade démographique et à l’effondrement de l’ensemble de ses systèmes sociaux.
Pour affronter la crise, le Québec aurait besoin de l’ensemble des pouvoirs en immigration.
Mais Ottawa n’en a rien à faire. Québec demande. Québec réclame. Québec exige. Québec implore. Mais Ottawa dit toujours non.
Alors le nationalisme de la CAQ dévoile ses limites : il s’agit d’un nationalisme impuissant, d’un nationalisme de lamentations.
NATIONALISME
Et puisque la CAQ s’entête à refuser la possibilité même de l’indépendance, comme si François Legault était otage de ses alliés fédéralistes du Conseil des ministres, elle est condamnée à pleurer toujours plus, ou à ramener à la baisse ses demandes, au point même de se dire heureuse de recevoir des miettes, quand elle en trouve.
Les électeurs nationalistes ne pardonnent pas à la CAQ cette démission politique.
D’autant que le nationalisme demeure la grande passion politique au Québec. Alors, les électeurs vont voir ailleurs. Et la CAQ plonge dans les sondages.