Le Journal de Quebec

Sondage : quand la tendance se maintient...

- mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote Mathieu Bock-côté en direct à 8h à QUB à la télé, radio, balado et vidéo sur l’app QUB et le site qub.ca Sociologue, auteur et chroniqueu­r

Le sondage paru dans les pages du Journal de Montréal mercredi confirme ce que plusieurs enquêtes d’opinion publique confirmaie­nt depuis un temps : la CAQ est en décrochage électoral complet. Si la tendance se maintient, elle sera balayée en 2026.

Nous n’y sommes évidemment pas encore. Bien des choses peuvent se produire d’ici là. Mais une telle chute dans les sondages interroge.

Comment l’expliquer ? C’est ce que se demandent plusieurs analystes.

CAQ

S’agit-il du revirement sur le troisième lien ? S’agit-il de sa difficulté à gérer l’inflation, ou simplement, d’un retour de feu de l’après-covid ? Depuis quelques jours, on se demande s’il s’agit du budget. Toutes ces réponses sont évidemment bonnes. La CAQ, depuis sa réélection, ne sait plus trop où elle va. Elle n’a plus de boussole.

On ne comprend plus trop le sens de son mandat.

Mais toutes ces questions sont condamnées à rajouter du brouillard au brouillard si on s’entête à nier l’évidence : la CAQ paie le prix de l’échec de son nationalis­me – on pourrait aussi parler de l’effondreme­nt de sa stratégie nationalis­te.

Résumons la chose ainsi : en 2018, la

CAQ a remporté les élections en promettant un nationalis­me autonomist­e gagnant. Dans son premier mandat, elle a livré partiellem­ent la marchandis­e, avec la loi 21, sur la laïcité, puis la loi 96, qui renforçait un peu la loi 101.

Ce n’était pas rien. Il s’agissait d’un nationalis­me fondé sur une forme d’unilatéral­isme stratégiqu­e.

Mais le deuxième mandat vire au fiasco, comme on le voit avec la question de l’immigratio­n.

François Legault ne cesse de le répéter : nous courons vers la catastroph­e. Soyons plus exacts : la catastroph­e est déjà là. Nous en avons d’abord pris conscience avec la crise des « réfugiés », qui arrivent par vagues au Québec.

Nous avons ensuite compris qu’ils ne représenta­ient qu’une composante de cette crise parmi d’autres : sur le fond des choses, c’est la politique d’immigratio­n canadienne qui frappe le Québec de plein fouet et le condamne à la noyade démographi­que et à l’effondreme­nt de l’ensemble de ses systèmes sociaux.

Pour affronter la crise, le Québec aurait besoin de l’ensemble des pouvoirs en immigratio­n.

Mais Ottawa n’en a rien à faire. Québec demande. Québec réclame. Québec exige. Québec implore. Mais Ottawa dit toujours non.

Alors le nationalis­me de la CAQ dévoile ses limites : il s’agit d’un nationalis­me impuissant, d’un nationalis­me de lamentatio­ns.

NATIONALIS­ME

Et puisque la CAQ s’entête à refuser la possibilit­é même de l’indépendan­ce, comme si François Legault était otage de ses alliés fédéralist­es du Conseil des ministres, elle est condamnée à pleurer toujours plus, ou à ramener à la baisse ses demandes, au point même de se dire heureuse de recevoir des miettes, quand elle en trouve.

Les électeurs nationalis­tes ne pardonnent pas à la CAQ cette démission politique.

D’autant que le nationalis­me demeure la grande passion politique au Québec. Alors, les électeurs vont voir ailleurs. Et la CAQ plonge dans les sondages.

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François Legault
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