La faute de la CAQ pour l’explosion des coûts
L’« ingérence » politique du gouvernement Legault fait grimper la facture des grands projets, dénonce Marchand
BOSTON | L’explosion des coûts et l’allongement des délais du tramway de Québec ont été causés par « l’ingérence » politique du gouvernement de la CAQ, a insisté Bruno Marchand en refusant de prendre un quelconque blâme personnel dans cette situation.
C’est ainsi que le maire de Québec a réagi hier, à partir de Boston, à l’étude publiée par HEC Montréal et dans laquelle des chercheurs s’alarmaient des dépassements de coûts et d’échéanciers pour les grands projets de transport collectif au Québec, notamment pour le tramway de Québec.
« Quand le politique s’en mêle. Quand le politique change en cours de projet la portée, change certains éléments forts du projet, ça retarde, ça coûte plus cher et, honnêtement, ça affecte l’appui », a-t-il attaqué.
« DU BRUIT SUR LA LIGNE »
Selon lui, « lorsqu’on donne le mandat à quelqu’un et qu’on ne cesse d’amener du bruit sur la ligne en voulant d’autres choses, en changeant, en transformant, c’est sûr [...] qu’on s’éloigne de la réalisation du projet ».
Rappelant que « le gouvernement s’est ingéré, a demandé des choses notamment le changement [de tracé] de Charlesbourg vers D’estimauville [en 2021] », le maire Marchand est revenu sur « l’immense défi qu’on a en politique ».
« Si à chaque fois qu’on change de gouvernement, on recommence un projet [...] et qu’on se dit que “moi, je vais mieux le faire”, nécessairement on risque à tous les quatre ou huit ans d’avoir à recommencer. »
« AUCUN BLÂME » À CE SUJET
Le maire n’a-t-il pas lui-même contribué à retarder le tramway en proposant 10 améliorations lors de la campagne électorale municipale de l’automne 2021 ?
Piqué au vif par la question, Bruno Marchand a totalement nié avoir une responsabilité là-dedans.
« Je ne prends aucun blâme làdedans, a-t-il coupé court. Je vous ai dit : 10 changements. On en a fait huit. Et ceux qu’on a faits n’ont pas retardé le projet. C’est une des raisons pourquoi on a deux qu’on n’a pas faits. C’est parce qu’ils auraient retardé le projet, notamment la question des lignes aériennes de tension. »
Selon lui, « on a eu la capacité et le courage de dire des choses en campagne, d’en faire une grande majorité dans les changements proposés et d’accepter que – pour ne pas remettre en question le projet – il y a des changements qu’on devait mettre de côté ».
SCEPTICISME
D’autre part, le maire s’est montré fort sceptique par rapport à la future agence de transports qui est dans les cartons du gouvernement du Québec et qui aurait pour mandat de gérer les mégaprojets de transport collectif au Québec.
« Ouais. Je ne suis pas sûr que c’est la panacée. Je ne suis pas en train de dire que c’est mauvais. Que vous ayez une agence ou non, si à chaque fois qu’on change de gouvernement, on a une autre idée et qu’on demande autre chose à l’agence, vous aurez beau avoir les meilleurs “top gun” dans votre agence, on va revenir au même », a-t-il prévenu.
Le tramway de Québec a été mis sur pause en novembre 2023 par le gouvernement du Québec.
La Caisse de dépôt et placement (CDPQ Infra) a le mandat de réfléchir au meilleur réseau de transport pour Québec. Elle doit livrer ses conclusions en juin.