Joe Biden, sauvé… ou brisé par les Kennedy
Elles sont très peu nombreuses les familles politiques qui continuent de fasciner à travers les décennies. Les Roosevelt ont donné deux présidents aux États-unis, même chose pour la famille Bush. Mais les Kennedy, c’est une autre histoire.
Soixante ans après l’assassinat du président John F. Kennedy, le mythe autour de cette vieille famille d’origine irlandaise continue de captiver la vie politique américaine.
Il y a eu JFK, puis son frère Robert, assassiné à son tour. Ted Kennedy a aussi eu sa part de tragédie, mais les accomplissements de ses quarante-sept ans au Sénat suscitent toujours l’admiration.
Leur influence déborde largement de leur carrière immédiate. L’appui de Ted Kennedy à Barack Obama en 2008 avait pris des allures de consécration, de passage du flambeau d’une génération à l’autre que Hillary Clinton doit encore maudire aujourd’hui.
SOUS L’OEIL DE SAINT-PATRICK
Dimanche dernier, une cinquantaine de membres de la famille Kennedy éparpillés sur trois générations se sont retrouvés à la Maison-blanche. Une belle photo dans la roseraie de la résidence présidentielle en a d’ailleurs été tirée ; ils ont le sourire facile, les Kennedy.
Jour de la Saint-patrick, ç’aurait pu n’être que de banales retrouvailles entre Irlandais d’origine, Joe Biden se montrant toujours incroyablement fier d’être irlandais-américain. En fait, la légendaire famille démocrate confirmait plutôt sa volonté d’afficher publiquement son soutien à la réélection de Biden et de repousser, du même élan, la candidature d’un des leurs.
La photo d’ailleurs a été diffusée sur les médias sociaux par Kerry Kennedy, septième des onze enfants de Robert et Ethel, et soeur de Robert Kennedy Junior.
CÉLÈBRE ET FAUTEUR DE TROUBLE À LA FOIS
La pertinence de la candidature de RFK Jr à la présidence s’est récemment accentuée. Déjà à la fin de l’année dernière, un sondage de l’université Quinnipiac lui donnait jusqu’à 22 % d’appui dans une course à trois avec Biden et Trump.
Sachant que le président démocrate doit son succès en 2020 à de minuscules victoires dans des États clés
(0,2 % en Géorgie ; 0,3 % en Arizona ;
0,6 % dans le Wisconsin, par exemple), la moindre réussite du fils aîné de Robert Kennedy pourrait avoir un impact majeur sur le résultat final de l’élection présidentielle. En janvier, la firme Gallup rapportait que 52 % des Américains nourrissaient une opinion favorable du neveu de l’ancien président, dix points de mieux que celle qu’ils avaient de Trump (42 %) ou de Biden (41 %). L’annonce prévue la semaine prochaine à Oakland, en Californie de son colistier – il a notamment flirté avec l’idée de recruter le célèbre quart-arrière Aaron Rodgers – le replacera, de nouveau, au coeur des discussions politiques.
LE MOUTON NOIR FAIT PEUR
L’équipe de campagne de Joe Biden a conscience des potentielles répercussions néfastes que RFK Jr pourrait avoir et la photo de dimanche dans le Rose
Garden vise certainement à neutraliser l’effet envoûtant du nom Kennedy auprès de nombreux Américains.
Le Comité national démocrate vient aussi de créer une nouvelle équipe chargée de s’en prendre aux éventuels « election spoilers », ces saboteurs de victoire électorale que Robert Kennedy Junior pourrait devenir. Il en est encore loin. Il doit d’abord trouver les signatures nécessaires pour que son nom puisse se retrouver sur les bulletins de vote dans suffisamment d’états.
Et il aura aussi à dissiper la méfiance, voire le rejet que ses multiples idées conspirationnistes et positions anti-vaccination génèrent et ce, jusque dans sa propre famille. Reste que, des décennies plus tard, il sera intéressant de voir si la « mystique Kennedy » continue de séduire l’électorat.