10 fois plus de patients sans carte de la RAMQ en 4 ans
Le phénomène n’est pas unique aux hôpitaux de Québec
Le nombre de personnes qui ont reçu des soins médicaux sans détenir une carte de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) a bondi de 1083 % en quatre ans dans les cinq hôpitaux du CHU de Québec-université Laval.
Depuis 2020, le nombre de personnes soignées sans carte de la RAMQ est passé de 218 à 2580 en date du 20 mars 2024. Les hôpitaux concernés sont l’enfant-jésus, le CHUL, l’hôtel-dieu, Saint-sacrement et Saint-françois d’assise.
Pour le CIUSSS de la Capitale-nationale, l’augmentation est de 465 %, avec un bond de 161 à 910 patients en date de janvier 2024.
Dans Chaudière-appalaches, ce chiffre est passé de 320 patients à plus de 925 patients en date du 24 janvier 2024, soit une augmentation d’environ 200 %.
Pour la région du Saguenay–lac-saintjean, le nombre de personnes ayant reçu des soins sans détenir une carte de la RAMQ a augmenté de 100 %, passant de 401 à plus de 799 personnes.
Selon la RAMQ, 9917 femmes ont aussi accouché au Québec entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2021 sans être admissibles au régime d’assurance maladie du Québec.
Cette fois-ci, les données obtenues sur le nombre de patients et les frais facturés ne touchent pas seulement les accouchements, mais englobent les frais totaux d’une hospitalisation et des soins reçus, notamment, les frais d’une chambre.
Lorsqu’un patient ne peut présenter une carte d’assurance maladie valide, il doit acquitter les frais du service.
Évidemment, si la situation est urgente ou si le patient a besoin de soins urgents, les médecins vont prodiguer les soins d’abord, et s’attaquer ensuite à la question de l’assurance maladie.
SUJET DÉLICAT
Pour le personnel soignant, le sujet demeure délicat puisqu’il découle de leurs obligations déontologiques.
« C’est très sensible comme enjeu. Ça nous préoccupe et c’est un débat qui est politique. On constate une augmentation de la demande, mais les médecins soignent les patients et vont continuer de le faire », mentionne Jean-pierre Dion, de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ).
Les médecins spécialistes tiennent le même discours et tentent de documenter le tout.
Est-ce que l’augmentation de l’immigration temporaire au Québec pourrait être une explication à ces données?
La RAMQ n’est pas en mesure de confirmer cette hypothèse.
« Nous constatons qu’il y a eu davantage de personnes qui sont arrivées au Québec au cours des dernières années et que toutes ne sont pas admissibles à l’assurance maladie », explique la porte-parole Caroline Dupont.
UN DÉFI DE GESTION
Cette augmentation présente un défi pour le personnel soignant et les gestionnaires, en raison de la facturation et des suivis nécessaires.
« Le MSSS accompagne les établissements, notamment en ce qui concerne les grilles de tarifs à appliquer pour les services rendus à des personnes non assurées », a précisé Marie-claude Lacasse, de la direction des communications.