Les mauvaises habitudes financières de Carrie Bradshaw de Sexe à New York
J’ai une théorie. Je crois que la culture pop a contribué à renforcer le stéréotype de la femme « dépensière », ou du moins, à le normaliser.
Je vais appuyer ma thèse avec des exemples tirés de Sexe à New York
(v.o. Sex and the City ou SATC), une série télévisuelle iconique qui a débuté en 1998, puis continuer mon analyse avec la nouvelle tendance
Girl Math, un concept popularisé par les réseaux sociaux en 2023.
Carrie Bradshaw était l’héroïne principale de SATC. Elle était chroniqueuse pour le New York Star ,mon homologue, en quelque sorte, si on veut. Mais notre comparaison s’arrête là puisque Carrie était connue pour ses mauvaises habitudes financières.
Selon mes recherches, elle gagnait environ 5 000 $ par mois, mais en dépensait presque le double [1]. Elle avait une collection de chaussures valant 40 000 $ [2], s’habillait en vêtements griffés, avait des cartes de crédit remplies au point de se les faire couper par la vendeuse d’un magasin et commandait du take-out à profusion (elle ne cuisinait pas).
Je me souviens de la scène où Carrie passait à la banque pour un prêt hypothécaire. À sa grande surprise, elle ne se qualifiait pas, puisqu’elle avait seulement 1657 $ dans son compte – son seul actif. Finalement, c’est son amie Charlotte qui lui a prêté l’argent.
DES DÉRAPAGES FINANCIERS SANS CONSÉQUENCE
Ce qui me frappe, c’est à quel point la série glorifie les dépenses luxueuses de Carrie, tout en minimisant ses dérapages financiers. En fait, ils sont tout simplement sans conséquence : elle n’a pas de créancier qui lui court après, n’a jamais fait faillite et réussit toujours à acheter ce qu’elle veut, que ce soit avec l’aide financière de ses amis ou de ses conquêtes amoureuses.
J’ai adoré SATC, mais je crois que ce genre de série, bien que fictive, contribue au narratif qui dépeint la femme comme étant « dépensière », en plus de contribuer à la pensée magique que « tout va s’arranger ».
LE « GIRL MATH » ET LE STÉRÉOTYPE DE LA FEMME DÉPENSIÈRE
Depuis quelque temps, on voit circuler sur les réseaux sociaux des vidéos où des femmes justifient leurs dépenses non essentielles avec des calculs mathématiques irrationnels, avec le hashtag Girl Math. En gros, c’est pour rendre leurs achats psychologiquement moins chers.
Des exemples ? Une femme qui affirme avoir payé son latté en argent comptant, donc « c’était gratuit » selon sa logique, puisque le montant n’est pas sorti de son compte. Une autre qui affirme avoir retourné un article à 150 $, ce qui équivaut à un « revenu additionnel » de 150 $.
Je crois que cette nouvelle tendance contribue elle aussi au discours selon lequel les femmes sont intrinsèquement mauvaises avec l’argent.
En fait, le Girl Math sous-entend, directement ou indirectement, que les femmes ne savent pas tenir un budget, dépensent impulsivement sans compter et sont nulles en mathématiques. Pourtant, je ne crois pas que ce sont des caractéristiques « typiquement féminines ».
ARRÊTONS DE JUGER NOS DÉPENSES
Un quart de siècle sépare SATC et le Girl Math, mais visiblement, les stéréotypes persistent.
On ne peut pas, d’une part, glorifier (SATC) ou tourner en blague (Girl Math) le stéréotype de la femme dépensière, puis nous dépeindre, voire pire, carrément nous reprocher d’être des acheteuses compulsives et irresponsables.
C’est la raison pour laquelle j’ai créé ma page Instagram (@ Elleinvestit). Ma mission est de rappeler aux femmes l’importance d’investir, et non de leur marteler d’arrêter de s’acheter des lattés à 7 $.
You do you, girl.
[1] Stern, Carly, «Will the new Sex and the City reboot be REALISTIC about Carrie’s lavish lifestyle? How the writer’s high-end fashions and New York apartment would actually see her racking up $4K in DEBT per month », dailymail. co.uk, 25 février 2021. [2] 75 000 $ en dollars d’aujourd’hui.
Un quart de siècle sépare Sexe à New York et le Girl Math, mais visiblement, les stéréotypes persistent