CATASTROPHE OU PASSAGE OBLIGÉ ?
L’exclusion des séries éliminatoires de la formation québécoise a soulevé beaucoup de mécontentement
Un an après avoir vécu une saison historique, les Remparts de Québec ne participeront pas aux séries éliminatoires, une première depuis 1983, et la pilule est passée difficilement dans la gorge de certains partisans du club.
Sur les médias sociaux, de nombreux amateurs ont exprimé leur mécontentement et leur incompréhension.
Sous la vidéo du dernier point de presse d’après-match, diffusé après chaque partie locale sur Facebook, les Remparts ont été contraints de filtrer certains commentaires qui se voulaient désobligeants envers des joueurs ainsi que l’entraîneur-chef de l’équipe, Éric Veilleux, et le directeur général, Simon Gagné. L’organisation n’a pas comme pratique commune de filtrer les commentaires des gens, mais elle jugeait que certains avaient dépassé les bornes.
Bref, il y a de la colère.
UNE CATASTROPHE ?
Il faut quand même prendre le temps de relativiser les choses.
Est-ce que l’exclusion des séries des Remparts est idéale ? Non. Est-ce que c’est ce à quoi sont en droit de s’attendre les partisans de l’une des plus prestigieuses organisations au pays ? Probablement pas.
Les amateurs de hockey de Québec ont été habitués à de hauts standards de la part des Remparts depuis leur retour en 1997. Leur insatisfaction démontre leur passion.
Après tout, malgré la saison difficile, Québec a de nouveau affiché la plus haute moyenne d’assistance dans toute la Ligue canadienne de hockey. Ces gens qui se déplacent exigent au minimum un spectacle décent. C’est compréhensible.
D’un autre côté, les trois autres équipes qui ont participé au tournoi de la Coupe Memorial l’an dernier, les Petes de Peterborough en Ontario ainsi que les Blazers de Kamloops et les Thunderbirds de Seattle dans l’ouest, ont toutes les trois été exclues des séries dans leurs ligues respectives. C’est ça les cycles du hockey junior. D’ailleurs, quatre des six derniers champions du trophée Gilles-courteau ont raté les séries l’année suivante : les Sea Dogs de Saint-jean en 2018, le Titan d’acadie-bathurst en 2019, les Tigres de Victoriaville en 2022, puis les Remparts en 2024.
Les choses se sont bien passées pour les Sea Dogs et les Tigres : Saint-jean a remporté la Coupe Memorial en 2021 tandis que les Tigres sont de retour parmi les bonnes équipes du circuit cette saison. De son côté, le Titan vivote depuis un certain temps.
Malgré tout, ce n’était pas l’objectif des Remparts, de rater les séries. On était au courant de cette possibilité, mais la pilule a été difficile à avaler à l’interne également.
« Je comprends que les partisans soient déçus et nous aussi on l’est, extrêmement. Par contre, ça va s’améliorer d’année en année. On a beaucoup de choix au repêchage cette année et on va espérer avoir de bons joueurs qui vont nous aider à gagner », mentionnait hier matin le gardien Louis-antoine Denault.
DES MOUVEMENTS IMPORTANTS
Les Remparts savaient que cette saison n’aurait absolument rien de comparable à celle qu’ils ont vécue l’an dernier.
En 2022-2023, Québec affichait l’équipe la plus vieille dans toute la Ligue canadienne de hockey et, le hockey junior étant une affaire de cycles, il était inévitable que les nombreux départs vers les professionnels ou ailleurs allaient changer le visage de la formation. En début de saison, l’équipe espérait que la présence de quelques vétérans restants, soit Vsevolod Komarov, Mikael Huchette, Charles Savoie, Kassim Gaudet et Quentin Miller, pourrait lui permettre d’engranger de précieux points qui pourraient changer la donne en fin de saison.
Le plan était clair : plusieurs d’entre eux quitteraient l’équipe lors de la période des Fêtes afin de renflouer les coffres.
Simon Gagné s’était laissé quelques portes entrouvertes, notamment dans le cas de Miller et Gaudet, qu’il aurait pu garder jusqu’à l’an prochain, si aucune offre intéressante ne lui était présentée.
Or, ses homologues de Rimouski et Drummondville ont été assez convaincants pour le convaincre de les échanger. C’est surtout là que les questionnements sont venus, certains se demandant s’il était vraiment nécessaire d’échanger Gaudet et de priver les jeunes de l’organisation de l’expérience d’un vétéran ayant gagné l’an dernier.
Gagné a toutefois répété que les gens comprendraient ses motivations lors du prochain repêchage. Les rumeurs les plus persistantes veulent que Remparts obtiennent du renfort immédiat en complément de cette transaction.
Et pour ceux qui pensent que Patrick Roy aurait agi différemment, sachez que Simon Gagné lui a souvent demandé son opinion lors de la dernière période des transactions. Il l’a notamment fait avant d’envoyer Gaudet à Drummondville. Sa réponse : « Si j’étais toi, je le ferais. » Maintenant, le directeur général recrue devra s’assurer de prouver rapidement aux amateurs que son plan est calculé et précis. Certes, les départs de Komarov, Huchette, Gaudet et Miller ont fait mal aux amateurs qui s’étaient attachés à ces pièces importantes des conquêtes de l’an dernier.
Les Remparts semblent toutefois satisfaits des retours obtenus. L’équipe compte pour l’instant sur deux choix de première ronde cette saison, dont celui des Islanders de Charlottetown qui sera dans le boulier, deux en 2025 et un autre en 2026, en plus de huit sélections de deuxième tour lors de ces trois repêchages.
Il ne faut pas oublier que l’équipe championne de 2023 avait terminé au 14e rang sur 18, en 2019-2020, avant de soulever tous les trophées possibles, trois ans plus tard.
Ainsi va le hockey junior.