Où était la sécurité pour Mélanie Joly ?
La ministre des Affaires étrangères a été défiée par un citoyen dans la rue, vendredi dernier, à Montréal
Un homme a pris à partie la ministre Mélanie Joly sur le trottoir, vendredi, à Montréal, une situation inquiétante en pleine guerre Israël– Hamas, selon des experts.
« C’est une situation quand même explosive. On parle d’une ministre qui s’occupe des affaires extérieures du Canada, et on est dans une guerre avec Israël et la Palestine, tonne Normand Desrochers, qui a été le garde du corps de l’ex-premier ministre Jean Charest de 2003 à 2014. Peut-on au moins lui fournir un peu de sécurité pour les quelques temps que ça va durer ? »
La ministre des Affaires étrangères a été apostrophée pendant qu’elle marchait paisiblement dans les rues de Montréal à propos de la situation à Gaza. L’élue fédérale a répliqué en agrippant le téléphone de ce citoyen qui la filmait et qui lui avait dit que « sa job » était de « la harceler ».
Mme Joly était alors accompagnée par un homme qui était possiblement chargé de sa sécurité, mais malgré nos multiples demandes, son cabinet n’a pas confirmé cette information.
« C’EST ORDINAIRE »
Si un garde du corps était présent, la procédure pour faire face à cet homme « n’était vraiment pas dans les normes », martèle M. Desrochers, qui fait valoir qu’il aurait dû être interpellé bien avant de s’approcher aussi près de la ministre.
« Il aurait fait un bouclier humain en disant : “tu veux quoi ?” Là, on s’est retrouvé avec une politicienne obligée de se défendre toute seule. C’est ordinaire », déplore M. Desrochers.
Contrairement aux ministres et aux chefs de partis provinciaux du Québec, les ministres fédéraux n’ont pas de garde du corps assigné.
Or, Ottawa avait annoncé, en mai 2023, que des agents de la GRC accompagneraient au cas par cas des ministres et des hauts fonctionnaires, devant la hausse de la menace de violence politique.
« Il y a certains élus qui veulent avoir le moins de sécurité possible autour d’eux parce qu’ils veulent avoir une vie normale », nuance Pierre-yves Bourduas, ex-sous-commissaire de la Gendarmerie royale du Canada.
RÉACTION « NORMALE » ET « HUMAINE »
Si les élus sont coachés pour faire face à diverses situations et éviter les altercations physiques, la réaction de Mme Joly face à cet homme était tout de même « normale », fait valoir Jeremy Ghio, directeur chez Tact, qui a travaillé dans plusieurs cabinets de ministres.
« Je pense que tout le monde serait surpris et aurait ce réflexe très humain », soutient-il.