Le Journal de Quebec

Où était la sécurité pour Mélanie Joly ?

La ministre des Affaires étrangères a été défiée par un citoyen dans la rue, vendredi dernier, à Montréal

- OLIVIER FAUCHER

Un homme a pris à partie la ministre Mélanie Joly sur le trottoir, vendredi, à Montréal, une situation inquiétant­e en pleine guerre Israël– Hamas, selon des experts.

« C’est une situation quand même explosive. On parle d’une ministre qui s’occupe des affaires extérieure­s du Canada, et on est dans une guerre avec Israël et la Palestine, tonne Normand Desrochers, qui a été le garde du corps de l’ex-premier ministre Jean Charest de 2003 à 2014. Peut-on au moins lui fournir un peu de sécurité pour les quelques temps que ça va durer ? »

La ministre des Affaires étrangères a été apostrophé­e pendant qu’elle marchait paisibleme­nt dans les rues de Montréal à propos de la situation à Gaza. L’élue fédérale a répliqué en agrippant le téléphone de ce citoyen qui la filmait et qui lui avait dit que « sa job » était de « la harceler ».

Mme Joly était alors accompagné­e par un homme qui était possibleme­nt chargé de sa sécurité, mais malgré nos multiples demandes, son cabinet n’a pas confirmé cette informatio­n.

« C’EST ORDINAIRE »

Si un garde du corps était présent, la procédure pour faire face à cet homme « n’était vraiment pas dans les normes », martèle M. Desrochers, qui fait valoir qu’il aurait dû être interpellé bien avant de s’approcher aussi près de la ministre.

« Il aurait fait un bouclier humain en disant : “tu veux quoi ?” Là, on s’est retrouvé avec une politicien­ne obligée de se défendre toute seule. C’est ordinaire », déplore M. Desrochers.

Contrairem­ent aux ministres et aux chefs de partis provinciau­x du Québec, les ministres fédéraux n’ont pas de garde du corps assigné.

Or, Ottawa avait annoncé, en mai 2023, que des agents de la GRC accompagne­raient au cas par cas des ministres et des hauts fonctionna­ires, devant la hausse de la menace de violence politique.

« Il y a certains élus qui veulent avoir le moins de sécurité possible autour d’eux parce qu’ils veulent avoir une vie normale », nuance Pierre-yves Bourduas, ex-sous-commissair­e de la Gendarmeri­e royale du Canada.

RÉACTION « NORMALE » ET « HUMAINE »

Si les élus sont coachés pour faire face à diverses situations et éviter les altercatio­ns physiques, la réaction de Mme Joly face à cet homme était tout de même « normale », fait valoir Jeremy Ghio, directeur chez Tact, qui a travaillé dans plusieurs cabinets de ministres.

« Je pense que tout le monde serait surpris et aurait ce réflexe très humain », soutient-il.

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CAPTURE D’ÉCRAN COMPTE TIKTOK @LOVE.WAYS Mélanie Joly au moment où elle est interpellé­e par un citoyen vendredi.

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