Le Journal de Quebec

Revoir une éclipse 50 ans plus tard

Le dernier de ces phénomènes astronomiq­ues dans la province s’est déroulé en juillet 1972

- ANOUK LEBEL

Le phénomène a beau être rare, des Québécois de plus de 50 ans n’en seront pas à leur première éclipse totale dans l’est du pays. Certains étaient aux premières loges le 10 juillet 1972 pour voir la Lune passer entre la Terre et le Soleil.

« C’était spécial, je ne pensais pas vivre ça un jour. On était au bon endroit au bon moment », se souvient Luc St-amant, 61 ans.

Le résident de Repentigny avait neuf ans lorsque la dernière éclipse totale a été visible dans l’est du pays.

Ses parents avaient loué un chalet en plein dans le corridor où le phénomène était visible dans sa totalité, à l’île-du-prince-édouard. Sur la plage, des curieux et même des scientifiq­ues venus des États-unis s’étaient réunis pour l’observatio­n.

« Ça n’a pas été long, quelques minutes, mais c’est devenu noir comme si on était en pleine nuit. On entendait à peine les criquets, les grenouille­s », dit-il.

C’ÉTAIT LA PANIQUE

Comme l’éclipse était en plein été, il n’y avait pas eu de cafouillis autour de l’ouverture des écoles comme cette année. Cela ne veut pas dire que le phénomène ne suscitait pas la peur.

« Je me souviens de la panique. Tout le monde parlait de ça ! Je pensais que les yeux allaient me fondre dans le visage », témoigne Marie-claude Costisella.

La Montréalai­se originaire de Gaspé se trouvait aussi sans le savoir dans le bon corridor pour voir l’éclipse dans sa totalité.

Même si elle n’avait que cinq ans, elle garde un souvenir vif de son expérience.

« C’était en après-midi et il faisait tellement noir que j’avais peur que ça ne revienne pas comme avant ! », souligne-t-elle.

DES FILTRES AUX LUNETTES

« On en avait parlé dans mes cours de science au cégep », se remémore Daniel Tremblay, qui avait 20 ans. Pour l’observer de sa cour à Québec, un ami et lui s’étaient fabriqués des filtres avec des négatifs de photos argentique­s empilées.

« On avait pris des plaques de verre et on les avait noircies au lighter. C’était dangereux quand on y repense… », souligne Luc St-amant.

Marie-claude Costisella se rappelle que ses parents avaient fabriqué des cônes en carton pour observer le phénomène.

Le 8 avril, elle n’entend pas rater l’occasion de voir sa deuxième éclipse totale à vie au Québec. « Cette fois-ci, je vais aller m’acheter des lunettes, comme en 2024 ! », dit-elle en riant.

Si au Québec la dernière éclipse totale remonte à 1972, le phénomène n’est pas rare en soi.

« Il a des éclipses aux six mois dans le monde, mais souvent, c’est au milieu de l’océan. C’est comme les Jeux olympiques, ça arrive à différents endroits sur la planète », explique Nicolas Cowan, professeur à Mcgill et astronome profession­nel.

Chaque fois, il faut se retrouver dans un corridor précis pour voir la Lune, beaucoup plus petite que le Soleil, le recouvrir parfaiteme­nt.

Le 10 juillet 1972, la Gaspésie et l’île-du-princeédou­ard figuraient parmi les meilleurs endroits pour voir le phénomène dans sa totalité. Le 8 avril 2024, ce seront plutôt les Cantons-del’est et Lac-mégantic qui seront dans la mire des férus d’astronomie.

 ?? PHOTOS PIERRE-PAUL POULIN ET FOURNIE PAR JOE RAO ?? Luc St-amant, 61 ans. À neuf ans, il était par hasard à l’île-du-prince-édouard, dans le corridor de l’éclipse, en 1972. En mortaise, le météorolog­ue américain Joe Rao avait presque 16 ans lorsqu’il a fait le voyage en Gaspésie en 1972 pour la voir.
PHOTOS PIERRE-PAUL POULIN ET FOURNIE PAR JOE RAO Luc St-amant, 61 ans. À neuf ans, il était par hasard à l’île-du-prince-édouard, dans le corridor de l’éclipse, en 1972. En mortaise, le météorolog­ue américain Joe Rao avait presque 16 ans lorsqu’il a fait le voyage en Gaspésie en 1972 pour la voir.

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