Des messages cryptés… décodés
Il croyait avoir été discret lors de transactions d’armes
Un criminel qui croyait avoir orchestré en toute discrétion des transactions d’armes à feu puissantes aurait finalement été trahi par ses messages cryptés décodés par les policiers.
« J’ai pu le descendre à 3700 $. »
Voilà un message audio retrouvé dans un cellulaire saisi dans le cadre d’une vaste rafle contre le trafic d’armes à feu, qui a permis d’épingler Mcedwin Vilmeus.
Selon la Couronne, il est l’auteur de ce message qui fait référence au prix négocié pour l’achat d’une puissante arme à feu.
Le clip audio a été présenté en preuve dans le cadre du récent procès de l’homme de 53 ans, pour trafic d’armes à feu et trafic de drogue, au palais de justice de Longueuil.
On lui reproche notamment d’avoir facilité la vente de deux carabines semi-automatiques, d’une CZ Scorpion ainsi que d’une AR-15, qui est l’arme la plus utilisée dans les tueries de masse aux États-unis.
EN PLEINE MONTÉE DE VIOLENCE
Pourtant, au début de l’enquête, Mcedwin Vilmeus n’était pas du tout dans la mire des policiers. Quatre autres individus (tous condamnés depuis) avaient été arrêtés en juin 2022 dans une opération policière menée par l’équipe intégrée de lutte au trafic d’armes – escouade créée en 2021 en réaction à la flambée de violence dans la région montréalaise.
On les soupçonnait d’alimenter en armes à feu le marché noir, plus précisément les gangs de rue, en pleine montée de violence armée dans le grand Montréal.
Ce n’est que plusieurs mois plus tard que Vilmeus était à son tour devenu un sujet d’intérêt, après l’analyse des cellulaires saisis chez un des coaccusés, Daniel Charléus. Ce dernier, considéré comme le fournisseur du réseau, a depuis été condamné à sept ans de détention.
Un numéro de téléphone avec lequel Charléus échangeait régulièrement avait attiré l’attention des enquêteurs, qui ont réalisé qu’un intermédiaire l’avait grandement aidé à s’approvisionner en armes.
MESSAGES CRYPTÉS
Au fil de l’enquête, ils croient avoir relié ce numéro à Mcedwin Vilmeus. Plusieurs des conversations ont été présentées au juge Sacha Blais, qui a présidé le procès.
Les auteurs des messages avaient pourtant pris bien des précautions pour éviter de se faire prendre et utilisaient l’application Signal, qui permet l’envoi de textos cryptés.
Malgré tout, les policiers n’ont eu aucun mal à décoder ces communications.
Par exemple, Vilmeus aurait proposé une arme longue. La photo envoyée était accompagnée de la description des accessoires proposés, dont un chargeur à haute capacité.
Et les enquêteurs ont même pu connaître la date de l’acquisition de L’AR-15 ; Charléus n’a pas hésité à se poser avec l’arme et à envoyer des images à son interlocuteur.
Selon les messages échangés, on comprend que Vilmeus aurait lui-même organisé le rendez-vous entre son contact, à ce jour jamais identifié par les autorités, et Charléus.
C’est aussi grâce à l’accusé que Charléus aurait pu mettre la main sur une carabine semi-automatique de fabrication tchèque, une CZ Scorpion, une arme de prédilection de militaires dans plusieurs pays. D’abord négociée au coût de près de 4000 $, elle avait ensuite été vendue 12 000 $ à un agent double.
On reproche aussi à Vilmeus d’avoir proposé d’autres armes, comme un « AK », un « Sniper 7 mm » ou un pistolet mitrailleur Mac-11, photo à l’appui.