UN QUÉBÉCOIS DANS UN CLUB TRÈS SÉLECT
Le juge de lignes Jonny Murray atteindra le cap des 1500 matchs ce soir
En 106 ans d’histoire dans la LNH, seulement trois arbitres québécois ont atteint le cap vénérable des 1500 matchs. Ce soir, à Montréal devant ses proches, le juge de lignes de Québec Jonny Murray deviendra le quatrième à réaliser l’exploit.
Il y a d’abord eu Dave Jackson en 2018. Puis, Pierre Racicot a franchi l’impressionnant plateau avant de tirer sa révérence en mai 2021. Le 12 février 2023, Marc Joannette devenait le troisième arbitre québécois et le neuvième au total dans l’histoire de la Ligue nationale à en faire autant.
C’est dans ce cercle très restreint que Murray entrera lorsque les Panthers de la Floride rendront visite au Canadien.
« C’est moi qui ai fait la demande pour que ça se passe à Montréal. Pour mon 1000e match, j’avais choisi d’être en Floride parce que ça tombait dans le temps des Fêtes et que mes enfants étaient déjà là. »
« Cette fois, je voulais être à Montréal pour que mes parents et mes enfants puissent être sur place. Mon frère et ma soeur seront là aussi et pour moi c’était important de souligner l’événement en famille. Ça va être de beaux moments », a confié Murray avant d’arbitrer un match à St. Louis jeudi.
UN RÊVE ÉVEILLÉ
Voilà maintenant 24 ans que Murray vit dans ses valises, de ville en ville, en plus de gérer une école de hockey à Québec. Si quelqu’un lui avait prédit une telle carrière dans la LNH avant ses débuts en 2000, il l’aurait traité d’illuminé.
« Jamais de la vie que je n’aurais cru ça ! », a-t-il tranché.
« Je me souviens encore que j’arbitrais des matchs avec Jos Canale derrière le banc dans le p’tit cabane à Beauport et je rêvais d’arbitrer un seul match dans la LNH. J’en parle et… », s’est-il arrêté, saisi d’émotion.
Il faut dire aussi que le fait d’arbitrer 73 matchs par saison régulière, sans compter les matchs présaison et les séries éliminatoires, ça finit par laisser des traces et des doutes.
« Il y a des moments où j’ai pensé que ma carrière pouvait se terminer. En 2016, j’ai eu une opération au dos et j’ai raté toute la saison. Je me suis vraiment demandé si j’allais pouvoir revenir. Aujourd’hui, je me sens en forme et j’ai absolument le goût de continuer. »
LE RESPECT AVANT TOUT
Murray a récemment signé ce qu’il qualifie de contrat de sortie de six ans, ce qui le mènera à 30 ans de carrière quand l’heure de la retraite sonnera.
Il estime que si tout va bien, il lui manquera seulement une trentaine de matchs pour atteindre le plateau des 2000 en saison régulière. En ajoutant les séries, il devrait tirer sa révérence avec quelque 2250 matchs derrière le sifflet.
Pour l’instant, il s’attarde à réaliser à quel point son 1500e match est un exploit rare et ce qui lui procure le plus de fierté, c’est le respect que les joueurs et entraîneurs des quatre coins de la ligue lui témoignent.
« J’étais à San Jose cette semaine pour le match des Sharks contre les Stars. Du côté de Dallas, il y a plusieurs vétérans et on a eu de belles discussions. Le but d’un officiel, ce n’est pas de se faire aimer, mais de se faire respecter. »
« Le mot s’est passé assez vite que je m’en allais vers un 1500e match et j’ai vraiment ressenti le respect des joueurs, autant d’un
Joe Pavelski que du petit
[Thomas] Bordeleau, qui a joué à peine 30 matchs avec les Sharks. »
« PRIVILÉGIÉ »
Peu importe ce que les dernières années de sa carrière lui réservent, Jonny Murray pourra assurément dire « mission accomplie ».
« Je me sens privilégié d’atteindre ce plateau avec toutes les blessures, les années qui s’accumulent et les intempéries de la vie. C’est quelque chose d’extraordinaire. Je n’aime pas me vanter, mais je peux dire que je suis fier pas mal d’avoir accompli ça. »