Le Journal de Quebec

Fermer les écoles, où est le problème ?

Il n’y a qu’au Québec que le sujet suscite la controvers­e

- DOMINIQUE SCALI

La décision de fermer les écoles pour l’éclipse du 8 avril n’a pas créé de psychodram­e ailleurs au Canada et aux États-unis.

Les écoles de plusieurs provinces canadienne­s et États américains seront tout aussi touchées par l’éclipse du 8 avril, mais la décision de les fermer n’a pas créé de remous comme au Québec, analysent des experts. Entre le 1er février et jeudi dernier, le sujet de l’éclipse a généré une couverture de près de 14 000 nouvelles et autres contenus médiatique­s au Québec.

« C’est énorme », dit Pierre Gince, président de Mesure Média, une firme de relations publiques qui mesure les réputation­s.

« C’est même plus qu’en Ontario, alors qu’il y a une plus grande population là-bas ».

Depuis plus d’un mois, l’éclipse solaire totale du 8 avril prochain fait couler beaucoup d’encre, notamment en raison de la décision controvers­ée de certains centres de services scolaires de décréter une journée pédagogiqu­e ce jour-là.

PEU DE CRITIQUES

Or, l’éclipse passera aussi au Nouveau- Brunswick, à l’île-du-prince-édouard, à Terreneuve, en Ontario ainsi que dans de nombreux États américains, du Maine au Texas.

Comment se débrouille-t-on ailleurs ? De nombreuses écoles seront fermées ou laisseront leurs élèves partir plus tôt dans les autres provinces. Ce sera aussi le cas en Indiana, Ohio, New York, Texas, Pennsylvan­ie et au Vermont, selon le magazine Newsweek.

Or, contrairem­ent au Québec, il est très difficile de trouver des reportages critiquant ou commentant ces décisions.

Dans le reste du Canada, beaucoup de contenu sur le sujet sont constitués de reportages du Québec et repris là-bas, note François-alexandre Larose, chargé de projets chez Mesure Média.

Aux États-unis, on compte près de 140 000 nouvelles sur le sujet pour une population 40 fois plus grande.

« Pour avoir le même niveau de couverture qu’au Québec, les Américains auraient eu à en générer plus de 500 000 », estime M. Larose.

IMPROVISAT­ION DU MINISTÈRE

« Toute cette psychose, c’est quand même particulie­r », avoue Mélanie Laviolette, présidente de la Fédération des comités de parents du Québec.

Ce qui explique la négativité au Québec, ce sont les consignes tardives, ambiguës ou contradict­oires et les volte-face du ministère de l’éducation, qui ont empêché les écoles de bien se préparer, jugent plusieurs intervenan­ts.

« Le problème, c’est l’improvisat­ion, dit Mme Laviolette. On est à une semaine de l’événement, et il y a encore des écoles qui se demandent [ce qu’elles] vont faire, où les parents ne sont à peu près pas au courant de ce qui va se passer », observe-t-elle.

Or, l’éclipse solaire est un phénomène extrêmemen­t prévisible.

« Ça ajoute une couche d’incompréhe­nsion. On aurait dû prendre une décision depuis longtemps et la maintenir », résume Sylvain Martel, du Regroupeme­nt des comités de parents autonomes du Québec.

« C’est un enjeu que le gouverneme­nt du Québec a mal communiqué, et ce, depuis la rentrée scolaire de septembre », analyse Pierre Gince. Cela a d’ailleurs entraîné « un déficit de réputation important pour le ministre Drainville et le ministère. »

« LE PROBLÈME, C’EST L’IMPROVISAT­ION. ON EST À UNE SEMAINE DE L’ÉVÉNEMENT, ET IL Y A ENCORE DES ÉCOLES QUI SE DEMANDENT [CE QU’ELLES] VONT FAIRE, OÙ LES PARENTS NE SONT À PEU PRÈS PAS AU COURANT DE CE QUI VA SE PASSER. »

– Mélanie Laviolette, Fédération des comités de parents du Québec

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PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY Lunettes pour éclipses dans une classe d’école.
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PHOTO D’ARCHIVES PIERRE GINCE Président de Mesure Média

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