Les contrôleurs entament les plaidoiries finales
Les contrôleurs routiers entament le sprint final d’un recours devant les tribunaux pour ultimement forcer Québec à les équiper d’une arme de service, comme ils le réclament depuis des années.
« Toutes nos demandes auprès du gouvernement sont restées vaines. C’est le dernier recours qu’on a », affirme Jean-claude Daignault, président de la Fraternité des constables du contrôle routier du Québec.
Depuis des années, les contrôleurs routiers réclament une arme de service et d’avoir un plus grand accès au Centre de renseignements policiers du Québec (CRPQ). Ces agents de la paix font environ 100 000 interventions par année sur la route, « qui sont toutes le fruit du hasard ».
Sans le savoir, ils leur arrivent de tomber sur des chauffeurs criminalisés ou encore des cargaisons d’armes, de voitures volées, de drogue, de cigarettes de contrebande, énumère M. Daignault.
Mais trois événements où des contrôleurs ont échappé au pire ont poussé le syndicat à entamer pour la première fois un recours devant le Tribunal administratif du travail (TAT). (voir boîte info ci-dessus)
La juge qui entend le dossier doit déterminer si l’employeur a pris les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique du travailleur et formuler des recommandations si ce n’est pas le cas.
DES ÉVÉNEMENTS RAPPROCHÉS
« On aurait pu en déposer vingt [des dossiers devant le TAT], illustre le président. Surtout que les événements dangereux se rapprochent de plus en plus. » Le mois dernier, Le Journal rapportait qu’une contrôleuse routière a été attaquée et même poussée sur une voie de l’autoroute par le conducteur d’un véhicule commercial, qui avait en sa possession deux couteaux.
Le recours devant le TAT dure depuis des années, mais il arrive dans son dernier bras de fer. Les plaidoiries finales doivent débuter aujourd’hui et sont prévues pour trois jours, à Montréal.
Pendant les audiences, le syndicat a fait entendre l’expert Mario Berniqué, capitaine retraité de la Sûreté du Québec, qui a recommandé l’arme de service. Il est aussi en faveur d’un plus grand accès au CRPQ.
DES BOÎTES À SURPRISES
« Les contrôleurs routiers sont même plus à risque [que les policiers sur la route] à cause de leur pouvoir d’inspecter un véhicule ou d’ouvrir un chargement sans mandat. Ils peuvent tomber sur des boîtes à surprise. Il faut réagir vite. Tu n’as pas le temps de gérer un danger pendant que tu appelles la police en renfort », dit M. Berniqué au Journal.
Mandaté par l’employeur Contrôle routier Québec, le criminologue Rémi Boivin conclut que la demande d’arme supplémentaire est justifiée.
Selon l’expert, une arme à impulsions électriques peut être une option intéressante.
Depuis 2011, trois provinces canadiennes ont équipé leurs contrôleurs routiers d’arme à feu ou ont entamé un processus pour le faire, selon le rapport du criminologue Rémi Boivin. Il s’agit de l’alberta, la Saskatchewan et le Nouveau-brunswick. De son côté, l’ontario est en réflexion.