Le Journal de Quebec

Un proxénète achète une fille contre une dette de drogue

- MICHAËL NGUYEN

Déjà condamné à 5 ans de pénitencie­r pour avoir forcé à la prostituti­on une fugueuse mineure, un proxénète vient d’écoper de 18 mois supplément­aires pour s’en être pris à une jeune femme qu’il avait achetée en échange du paiement d’une dette de drogue.

« [La victime] était en situation d’itinérance avec un conjoint violent qui devait de l’argent pour de la drogue. L’accusé a payé cette dette, en plus d’offrir un peu de drogue », a expliqué Me Delphine Mauger, de la poursuite, hier au palais de justice de Montréal.

Debout dans le box des accusés, Jeffrey Audet ne semblait pas déphasé en écoutant l’avocate relater ses crimes qui se sont étalés sur six ans et qui ont traumatisé sa victime.

C’est qu’après l’avoir achetée pour un prix qui n’a pas été révélé à la cour, le proxénète de 35 ans l’a immédiatem­ent forcée à se prostituer. D’abord en prenant un pourcentag­e des gains de la femme, puis en prenant tout.

« Elle pouvait donner un service jusqu’à 35 clients par jour », a expliqué Delphine Mauger.

PAS DE SALON DE COIFFURE

Audet faisait alors croire à la femme que l’argent allait servir à ouvrir un salon de coiffure, mais bien évidemment, tout cela n’était que du vent.

Complèteme­nt sous son emprise, la victime avait finalement réussi à s’enfuir en 2023, soit six ans après le début de son enfer.

« La jeune femme que j’étais est maintenant totalement différente à force de me faire abuser par Jeffrey ou des clients », a d’ailleurs témoigné la femme hier.

Toujours en processus de reconstruc­tion, la victime dit être submergée d’idées noires, si bien qu’elle doit prendre des médicament­s. Elle a tenté de trouver un emploi, mais sans succès.

« Je camoufle mon traumatism­e, mais je dois prendre mon avenir en main », a dit celle qui a toutefois réussi un retour à l’école et qui s’efforce « d’être en paix » avec elle-même.

LE JUGE DÉFEND LA PEINE

Audet, qui a finalement plaidé coupable à des accusation­s en lien avec le proxénétis­me, a ainsi écopé de 18 mois de prison. De l’aveu même de la Couronne, cette peine peut sembler clémente, sauf qu’elle s’ajoute aux cinq ans de pénitencie­r dont Audet avait écopé il y a quelques semaines, en lien avec la prostituti­on forcée d’une mineure.

« J’espère que ça vous donnera le temps de réfléchir sur les conséquenc­es [des crimes] sur les victimes », a commenté le juge juste avant qu’audet ne retourne en détention.

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JEFFREY AUDET Proxénète

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