Le Journal de Quebec

Certains « abusent de gens vulnérable­s »

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Vulnérable­s, les réfugiés sont parfois victimes de gens qui tentent de leur soutirer de l’argent en leur faisant miroiter un logement et une meilleure vie.

« Nous n’avons pas d’argent, nous n’avons pas d’emploi, nous n’avons pas de maison, et quand des “agents” [personnes qui promettent d’aider à trouver un logement] font ça, notre vie devient un enfer », raconte une réfugiée de 32 ans qui a fui le Punjab, en Inde, avec son mari.

À leur arrivée à Montréal en janvier 2024, le couple était hébergé par des membres éloignés de la famille. À peine un mois plus tard, ils ont dû quitter le logement parce que l’appartemen­t devenait trop petit.

Elle et son mari ont alors déménagé chez d’autres proches. Ne pouvant pas habiter avec deux autres couples et un enfant, ils ont décidé de se trouver leur propre logement.

J’ai commencé à chercher sur Facebook Marketplac­e, mais soit les gens ne me répondent pas, soit je ne comprends pas parce que je ne parle pas encore français. Alors j’ai pris un agent pour m’aider », explique celle qui a demandé à taire son nom par peur de représaill­es.

DES « AGENTS » AU TEMPLE

C’est dans le temple sikh où elle va prier qu’on lui a donné les coordonnée­s de l’agent.

« Mais il essaie de profiter de nous. Il nous fait perdre notre temps, nous demande de le payer 300 $ pour chaque appartemen­t qu’il nous fait visiter et veut nous obliger à payer une caution pour les appartemen­ts », lance la jeune femme.

Ce procédé est pourtant bien illégal au Québec, rappelle André Trépanier, du Comité d’action de Parc-extension (CAPE)

D’autres réfugiés dans le quartier ont le numéro du même agent qui leur fait aussi miroiter des appartemen­ts, confirme un homme originaire aussi du Punjab.

Pour la jeune femme qui attend toujours son visa de travail, cette situation devient de plus en plus stressante.

« Maintenant qu’on nous demande de quitter le logement, je ne sais pas où nous allons finir. Surement dans la rue », craint-elle.

PAS UN CAS UNIQUE

Rehana Joseph, qui travaille au Comité d’action de Parc-extension (CAPE), affirme aussi avoir perdu plus de 7000 $ lorsqu’elle est arrivée au Québec.

« Quand j’ai demandé de récupérer mon argent, on m’a dit : “tu ne peux rien faire, je ne veux pas te le donner” », affirme-t-elle.

Pour sa collègue, Amina Saman, ce n’est malheureus­ement pas étonnant.

« Ils abusent des gens vulnérable­s qui ont besoin de se mettre un toit sur la tête», déplore-t-elle, en rappelant qu’il ne faut jamais donner de somme d’argent avant d’avoir un appartemen­t.

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