Le PDG de Lion Électrique se veut rassurant malgré les pertes
Le constructeur de véhicules électriques frappé par la baisse de la demande
Malgré des pertes colossales et des centaines de mises à pied dans les derniers mois, le PDG de Lion Électrique assure que les généreuses subventions gouvernementales qu’il reçoit créent des retombées économiques considérables.
L’homme de tête du constructeur d’autobus et de véhicules électriques, Marc Bédard, a voulu se faire rassurant lors d’un dîner de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec, quand il s’est fait demander de justifier l’utilité des fonds publics versés à son entreprise.
« Dans les trois dernières années, on a reçu 25 M$ en subventions non remboursables et on a injecté 900 M$ dans l’économie canadienne. Et sur le 900 M$, il y a 800 M$ qui sont au Québec », a tonné M. Bédard. « C’est du 36 pour 1, alors je ne me sens pas mal », a-t-il ajouté.
Or, l’important ralentissement de la demande dans le secteur des autobus et des camions électriques a frappé violemment Lion Électrique dans les derniers mois, alors que l’entreprise a enregistré des pertes de plus de 100 M$ en 2023, l’obligeant à mettre à pied 250 personnes.
« Malheureusement, quand tu es une compagnie publique, tu es évalué à chaque trimestre. Puis si tu en manques un, tu es rendu un pas bon, alors que le trimestre d’avant tu étais peut-être perçu comme un champion », a déclaré M. Bédard, en convenant qu’il fait face à une « vague de fond extrêmement difficile ».
Pour cette raison, l’objectif de Lion Électrique n’est pour l’instant que d’être « rentable avec un volume modeste », du moins en attendant que le marché de l’électrique se rétablisse, ce qui dépendra selon lui de l’intervention de l’état et de l’efficacité des programmes gouvernementaux.
« DANS LES TROIS DERNIÈRES ANNÉES, ON A REÇU 25 M$ EN SUBVENTIONS NON REMBOURSABLES ET ON A INJECTÉ 900 M$ DANS L’ÉCONOMIE CANADIENNE. […] C’EST DU 36 POUR 1, ALORS JE NE ME SENS PAS MAL »
– Marc Bédard, PDG de Lion Électrique
D’AUTRES MISES À PIED ?
En attendant, le PDG n’est pas en mesure de dire qu’il n’y aura pas d’autres mises à pied prochainement dans son entreprise.
« On ne peut rien garantir, ça c’est certain », a-t-il affirmé en entrevue avec Le Journal. « Nous, on s’ajuste, on s’ajuste au marché, puis on s’ajuste à la rapidité à laquelle les dossiers sont approuvés au niveau des gouvernements. »
Selon M. Bédard, le noeud du problème réside dans la lenteur du traitement des demandes de subventions du Fonds fédéral pour le transport en commun à zéro émission. « Quand on annonce un programme, c’est important de le mettre en place », a-t-il dit, sur un ton légèrement irrité.
AMAZON
Par ailleurs, M. Bédard assure que le contrat entre Amazon et Lion n’est pas en péril même si la compagnie basée à Saint-jérôme n’a livré que 10 véhicules au géant américain depuis 2021. L’accord, signé en 2020, exigeait pourtant que Lion protège une capacité de production allant jusqu’à 2500 camions d’ici 2025, avec un maximum de 500 par année.
« Nous, on est capable d’en livrer assez, maintenant, ça dépend de leur plan d’électrification. Ils opèrent nos véhicules, on travaille avec eux », s’est défendu le PDG.
À titre de comparaison, le concurrent californien de Lion, Rivian Electric, affirmait en octobre dernier avoir livré 10 000 véhicules à Amazon, et prévoit en produire « au moins » 100 000 pour la multinationale d’ici 2030.