Le Journal de Quebec

Le PDG de Lion Électrique se veut rassurant malgré les pertes

Le constructe­ur de véhicules électrique­s frappé par la baisse de la demande

- GABRIEL CÔTÉ

Malgré des pertes colossales et des centaines de mises à pied dans les derniers mois, le PDG de Lion Électrique assure que les généreuses subvention­s gouverneme­ntales qu’il reçoit créent des retombées économique­s considérab­les.

L’homme de tête du constructe­ur d’autobus et de véhicules électrique­s, Marc Bédard, a voulu se faire rassurant lors d’un dîner de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec, quand il s’est fait demander de justifier l’utilité des fonds publics versés à son entreprise.

« Dans les trois dernières années, on a reçu 25 M$ en subvention­s non remboursab­les et on a injecté 900 M$ dans l’économie canadienne. Et sur le 900 M$, il y a 800 M$ qui sont au Québec », a tonné M. Bédard. « C’est du 36 pour 1, alors je ne me sens pas mal », a-t-il ajouté.

Or, l’important ralentisse­ment de la demande dans le secteur des autobus et des camions électrique­s a frappé violemment Lion Électrique dans les derniers mois, alors que l’entreprise a enregistré des pertes de plus de 100 M$ en 2023, l’obligeant à mettre à pied 250 personnes.

« Malheureus­ement, quand tu es une compagnie publique, tu es évalué à chaque trimestre. Puis si tu en manques un, tu es rendu un pas bon, alors que le trimestre d’avant tu étais peut-être perçu comme un champion », a déclaré M. Bédard, en convenant qu’il fait face à une « vague de fond extrêmemen­t difficile ».

Pour cette raison, l’objectif de Lion Électrique n’est pour l’instant que d’être « rentable avec un volume modeste », du moins en attendant que le marché de l’électrique se rétablisse, ce qui dépendra selon lui de l’interventi­on de l’état et de l’efficacité des programmes gouverneme­ntaux.

« DANS LES TROIS DERNIÈRES ANNÉES, ON A REÇU 25 M$ EN SUBVENTION­S NON REMBOURSAB­LES ET ON A INJECTÉ 900 M$ DANS L’ÉCONOMIE CANADIENNE. […] C’EST DU 36 POUR 1, ALORS JE NE ME SENS PAS MAL »

– Marc Bédard, PDG de Lion Électrique

D’AUTRES MISES À PIED ?

En attendant, le PDG n’est pas en mesure de dire qu’il n’y aura pas d’autres mises à pied prochainem­ent dans son entreprise.

« On ne peut rien garantir, ça c’est certain », a-t-il affirmé en entrevue avec Le Journal. « Nous, on s’ajuste, on s’ajuste au marché, puis on s’ajuste à la rapidité à laquelle les dossiers sont approuvés au niveau des gouverneme­nts. »

Selon M. Bédard, le noeud du problème réside dans la lenteur du traitement des demandes de subvention­s du Fonds fédéral pour le transport en commun à zéro émission. « Quand on annonce un programme, c’est important de le mettre en place », a-t-il dit, sur un ton légèrement irrité.

AMAZON

Par ailleurs, M. Bédard assure que le contrat entre Amazon et Lion n’est pas en péril même si la compagnie basée à Saint-jérôme n’a livré que 10 véhicules au géant américain depuis 2021. L’accord, signé en 2020, exigeait pourtant que Lion protège une capacité de production allant jusqu’à 2500 camions d’ici 2025, avec un maximum de 500 par année.

« Nous, on est capable d’en livrer assez, maintenant, ça dépend de leur plan d’électrific­ation. Ils opèrent nos véhicules, on travaille avec eux », s’est défendu le PDG.

À titre de comparaiso­n, le concurrent californie­n de Lion, Rivian Electric, affirmait en octobre dernier avoir livré 10 000 véhicules à Amazon, et prévoit en produire « au moins » 100 000 pour la multinatio­nale d’ici 2030.

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PHOTO GABRIEL CÔTÉ Le PDG de Lion Électrique, Marc Bédard, s’attend à un rendement modeste en attendant une reprise de la demande pour les camions et les autobus électrique­s.

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