Québec pris de court par le manque d’électricité, admet Fitzgibbon
Les impacts de la décarbonation avaient notamment été sous-évalués selon le ministre
Le gouvernement Legault a été « pris de court » par la pénurie d’électricité que s’apprête à connaître le Québec, a admis hier Pierre Fitzgibbon.
« Oui, on a été pris de court, clairement. Hydro-québec aussi. Les projets industriels n’avaient pas été planifiés comme il faut. Mais je pense que c’est un phénomène qui est relativement mondial », a déclaré le ministre de l’économie, de l’innovation et de l’énergie lors d’un événement organisé par le Cercle canadien.
M. Fitzgibbon a noté que plusieurs multinationales se sont tournées vers le Québec pour réaliser des projets de décarbonation, lesquels visent notamment à convertir à l’électricité des processus industriels qui sont actuellement alimentés aux énergies fossiles.
« Je pense que les gens avaient sous-évalué les implications de la décarbonation » sur les besoins en électricité du Québec, a soutenu le ministre.
Plusieurs industriels ont eux aussi été pris par surprise par la fin abrupte des surplus d’électricité, qui est apparue au début de 2022.
« Certains sont encore un peu incrédules, a affirmé Pierre Fitzgibbon. Ça [faisait] tellement longtemps qu’on [parlait] de surplus que l’ajustement n’est pas encore totalement bien métabolisé. »
FEU VERT ATTENDU
Plus de 150 projets industriels totalisant 13 500 mégawatts (MW) – soit le tiers de la capacité de production d’hydro-québec – se trouvent actuellement sur le bureau du ministre.
À peine une poignée d’entre eux recevront le feu vert du gouvernement. Québec prévoyait annoncer les projets retenus avant la fin mars, mais l’analyse a pris plus de temps que prévu. Ce n’est que dans quelques semaines, lorsqu’hydro-québec aura conclu ses propres études, que les heureux élus seront dévoilés.
« Seulement quelques centaines [de MW] seront accordés à court terme, a précisé M. Fitzgibbon. […] C’est difficile d’avoir à choisir et de devoir refuser de bons projets. »
En février, Le Journal a révélé que le Québec n’a pas suffisamment d’électricité pour alimenter des projets qui étaient pourtant officiellement « engagés » en décembre 2022.
DES PROJETS DEVRONT ATTENDRE
Hydro prévoit être en mesure d’ajouter environ 3300 MW à sa capacité de production, mais pas avant 2029, à moins que la société d’état trouve des façons d’accélérer les travaux.
« D’ici là, on devra accorder les mégawatts avec une très grande parcimonie, a rappelé le ministre. Il y aura une certaine pause de nouveaux projets structurants. »
L’allocution de Pierre Fitzgibbon a été perturbée par une manifestation de syndiqués affiliés à la CSN et au Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec. Les protestataires ont quitté le Palais des congrès de Montréal dans le calme après une vingtaine de minutes.
« ON DEVRA ACCORDER LES MÉGAWATTS AVEC UNE TRÈS GRANDE PARCIMONIE. IL Y AURA UNE CERTAINE PAUSE DE NOUVEAUX PROJETS STRUCTURANTS »
– Pierre Fitzgibbon