Les plaintes s’accumulent à L’OQLF contre le Club Med
Des clients incapables de se faire servir en français en plein coeur de Charlevoix
Le Club Med Massif de Charlevoix continue de susciter le mécontentement d’une part de sa clientèle qui se plaint de ne pouvoir toujours y être servie en français, a appris Le Journal.
L’office québécois de la langue française (OQLF), gardien du respect des lois linguistiques dans la province, confirme avoir reçu quatorze plaintes jugées recevables à l’encontre de la multinationale française depuis un peu plus de deux ans.
Les problèmes de Club Med avec la langue française ne datent pas d’hier. Dès 2022, l’entreprise dirigée par Henri Giscard d’estaing avait fait l’objet de sept plaintes pour manquement à ses obligations linguistiques : six concernant la langue de service dans une autre langue que le français et une touchant un imprimé publicitaire, détaille L’OQLF.
L’année suivante, en 2023, le Complexe Hôtelier Massif de Charlevoix a fait l’objet de quatre autres plaintes. Enfin, l’année 2024 ne fait encore que débuter que déjà l’entreprise française a fait l’objet de trois plaintes, confirme la porte-parole de L’OQLF, Chantal Bouchard. Toutes étaient en rapport avec la langue de service reçue « dans une autre langue que le français ».
Questionnée, la direction de Club Med n’a pu répondre aux questions du Journal mardi.
PAS ENCORE D’AMENDES
En janvier, après un séjour de quatre jours sur place, l’ex-chef du Parti Québécois Jean-françois Lisée s’était publiquement plaint de n’avoir pu toujours être servi en français à la réception de l’hôtel et à la boutique de location de skis de l’établissement.
Le mois suivant, sur les ondes d’une station de radio de Charlevoix (CIHO-FM), le chef du Bloc Québécois, Yves-françois Blanchet, avait encouragé Club Med à « prendre ses responsabilités » en s’assurant — par respect pour ses employés et pour la région de Charlevoix — que ses équipes offriraient un service minimal dans la langue de Molière.
En entrevue, L’OQLF confirme avoir mené une enquête pour chacune des plaintes reçues, avoir constaté les infractions commises par l’établissement hôtelier et travailler depuis avec lui afin de corriger la situation.
L’entreprise se montrant réceptive, l’office n’a pas encore jugé opportun de transférer le dossier à la Direction des poursuites criminelles et pénales (DPCP). En conséquence, aucune condamnation ou amende n’a encore été remise formellement à Club Med.
INVESTISSEMENT QUÉBEC
Détenue par le groupe chinois Fosun International, l’entreprise a investi 130 M$ dans la construction du complexe hôtelier de 300 chambres au pied de la station du Massif, de la Petite-rivière-saint-françois. Son ouverture a eu lieu en décembre 2021.
Des sommes investies, plus de 40 M$ — ou 30 % du total — ont été versés à l’entreprise par les gouvernements du Québec et du Canada, sous forme de subventions et de prêts divers. La création de 350 emplois avait été promise.