Le Journal de Quebec

La victime n’a pu consentir aux touchers vu son âge mental, dit la Couronne

- PIERRE-PAUL BIRON

La Couronne estime qu’un chauffeur de transport adapté accusé d’agression sexuelle sur une passagère déficiente intellectu­elle ne peut être relevé du plaidoyer de culpabilit­é enregistré parce que la victime, d’un âge mental « entre 8 et 10 ans », n’a jamais pu consentir aux touchers de l’homme de 65 ans.

Pour Me Louis-philippe Desjardins, la requête en retrait de plaidoyer de culpabilit­é déposée par Yves Lachance sur la base du fait qu’il se serait enquis du consenteme­nt de sa victime n’est pas fondée.

« Ça crève les yeux de tout le monde qu’elle est extrêmemen­t vulnérable, cette femme-là », a insisté le procureur de la Couronne à propos de la femme autiste et vivant avec une déficience intellectu­elle légère.

C’est elle qui avait verbalisé les attoucheme­nts sexuels que lui a faits son chauffeur de transport adapté lors d’un atelier sur les relations amicales et amoureuses.

Selon le rapport d’un psychiatre qui a évalué la victime et présenté par la Couronne, la femme, qui avait entre 37 et 39 ans au moment des faits, aurait un âge mental « entre 8 et 10 ans ».

« Elle n’a aucune notion de sexualité. Elle ne savait même pas c’était quoi un pénis [...] ou le fait que c’est sexuel. Il dit qu’il lui a demandé s’il pouvait lui toucher les seins, mais elle n’a aucune idée que c’est sexuel », a soulevé le procureur, martelant qu’elle ne pourrait tout simplement pas comprendre la notion de consenteme­nt.

HUIT ÉPISODES DE CONTACTS SEXUELS

Yves Lachance a insisté, comme lors de l’ouverture de son témoignage mardi, sur le fait qu’il n’a jamais cru que ses comporteme­nts pouvaient être criminels.

Sur l’état de la femme, sa capacité à consentir et à comprendre la nature sexuelle des gestes, l’accusé a lui-même affirmé « avoir assumé [présumé] qu’elle comprenait », puis « avoir arrêté parce qu’il n’y avait pas de réciprocit­é ».

« Mais ça a quand même pris huit fois. Ce n’était visiblemen­t pas clair, clair, pour vous », lui a fait remarquer le juge René de la Sablonnièr­e, rappelant les huit épisodes de contacts sexuels reconnus.

IL VEUT REVENIR EN ARRIÈRE

Ce dernier a d’ailleurs demandé à l’accusé d’expliquer en ses mots à quoi il avait plaidé coupable en juillet 2023. C’est sur cette décision précise que l’accusé veut revenir en arrière.

« J’ai plaidé coupable à ce qu’on me reprochait. Des attoucheme­nts d’une personne en position d’autorité envers une personne avec une déficience intellectu­elle », a répondu Yves Lachance, précisant toutefois que pour lui « ce n’était pas criminel ».

Son avocat, Me Jean-marc Tremblay, a soutenu que le plaidoyer de culpabilit­é devait être annulé puisque la notion de consenteme­nt n’avait jamais été abordée à l’époque, alors que son client se représenta­it seul.

Le dossier reviendra devant la cour en mai.

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YVES LACHANCE Accusé

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