Le Journal de Quebec

Un ado meurtrier « ne se souvient pas »

Le jeune multiplie les réponses imprécises en cour

- MICHAËL NGUYEN

Un adolescent qui avait participé à un « massacre » s’étant soldé en meurtre à Lachine s’est montré peu commode au procès d’une autre accusée en répétant qu’il ne se souvenait de rien, quitte à être accusé d’outrage au tribunal.

« Je ne me souviens pas de ce que je faisais cette nuit-là. Je ne me souviens pas c’était où. En vrai, je ne me souviens pas de grand-chose », a témoigné avec froideur un ado meurtrier, hier, au palais de justice de Montréal.

À coups de réponses aussi imprécises que courtes, l’ado témoignait au procès de Véronique Manceaux, accusée du meurtre au premier degré de Jimmy Méthot.

Selon la Couronne, M. Méthot, 27 ans, s’était rendu chez l’accusée en septembre 2021. Une dispute aurait éclaté et Manceaux a frappé la victime, qui aurait tenté de fuir.

UN « MASSACRE »

Ses assaillant­s, dont l’adolescent, l’en auraient empêché et l’auraient torturé, entre autres en lui faisant boire du liquide inflammabl­e. Et après lui avoir servi un « dernier repas », ils l’ont achevé.

Un nettoyage des lieux a ensuite été effectué, avec l’aide d’une amie de Manceaux.

« Elle m’a dit qu’ils ont pris une machette et qu’ils ont couru après un gars et qu’ils ont viré fous sur lui au point où c’était un massacre », avait témoigné cette femme, la semaine dernière.

Or, si la Couronne voulait faire témoigner l’ado, ce dernier n’était pas tenté de coopérer, affirmant même qu’il ne se souvenait de rien, même pas du nom de la victime. « Jimmy [Méthot] ? Non, je ne sais pas c’est qui », a-t-il dit.

Quant à Manceaux, le jeune a laissé entendre qu’il ne la connaissai­t pas, se référant à elle comme « la femme », ajoutant ne pas se souvenir du meurtre. Et ce, même si Me Jasmine Guillaume de la Couronne lui a rappelé qu’il avait plaidé coupable de meurtre, écopant de neuf ans de garde.

« C’est possible, je ne sais pas », a-t-il mentionné plus tard, d’un air désinvolte.

La Couronne lui a toutefois rappelé qu’il avait signé un document où il reconnaiss­ait certains faits. Face à l’absence de coopératio­n du témoin, la procureure a ensuite fait jouer en salle d’audience le témoignage du jeune lors d’une audience précédente.

OUTRAGE AU TRIBUNAL

Beaucoup plus volubile, ce dernier était alors plus précis dans ses réponses. Le jury n’a toutefois pu entendre que les premières minutes de l’enregistre­ment, puisque le jeune s’est rapidement levé pour mettre fin à l’exercice.

« Je suis désolé mais je suis tanné, mettez-moi un outrage au tribunal, j’en ai fini de tout ça, désolé », a laissé tomber l’ado meurtrier qui est maintenant majeur.

Face à cette situation, le juge Daniel Royer a mis fin à l’audience pour la journée, avant d’expliquer la situation au jury.

« Je lui ai donné le reste de la journée pour réfléchir, a dit le magistrat aux jurés. S’il refuse, je vais le citer pour outrage au tribunal, ça pourrait avoir de graves conséquenc­es pour lui. »

Les audiences reprendron­t donc aujourd’hui.

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