Jean Charest, nouveau francophone de service ?
Mardi, un aréopage anglophone a publié une lettre ouverte pour dénoncer l’incivilité grandissante des Canadiens.
La lettre signée par des artistes et des professeurs d’université de renom et par d’anciennes personnalités politiques ne pouvait tomber plus à pic. Le vendredi précédent, un Montréalais avait confronté en pleine rue la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly, lui criant qu’elle n’avait pas le droit d’avoir une marche relaxe en ville pendant qu’elle permettait la mort des Palestiniens !
La lettre ouverte parle d’abord « d’événements géopolitiques qui surviennent à des milliers de kilomètres et de causes locales qui soulèvent les tensions dans nos rues et sur les campus universitaires ». Elle précise ensuite que le conflit entre le Hamas et Israël a tellement de conséquences que des Canadiens se sentent justifiés de faire valoir leur opinion « par de l’intimidation et des menaces ».
C’est vrai que l’offensive tous azimuts d’israël à Gaza a profondément divisé les Canadiens, qu’ils soient anglophones ou francophones. C’est de notoriété publique que les députés fédéraux, quel que soit le parti auquel ils appartiennent, sont aussi très partagés sur la réponse brutale des Israéliens à l’attaque sauvage du 7 octobre, perpétrée sur leur territoire par des forcenés du Hamas. Plus se prolonge la dévastation de la bande de Gaza par l’armée israélienne, plus grandit la sympathie à l’égard des Palestiniens. Il suffit d’observer les chefs d’antenne des téléjournaux de Radio-canada et de TVA, de la CBC ou de CTV pour constater qu’ils ont le plus grand mal à demeurer impartiaux et objectifs.
DES RÉACTIONS VIOLENTES
À ma connaissance, c’est la première fois qu’un conflit aussi « local » provoque autant de débats et d’animosité chez nous. La première fois aussi que les divergences d’opinions se manifestent de façon aussi vive et parfois même violente. Cette lettre ouverte de plusieurs personnalités du Canada anglais est donc tout à fait à propos.
Mais ce qui est moins à propos et qui marque une fois de plus à quel point l’influence et le poids du Québec n’ont plus guère d’importance, c’est qu’un seul Québécois, Jean Charest, a signé la lettre en question. Si mes renseignements sont bons, il serait aussi le seul ayant été sollicité. L’ancien premier ministre Jean Charest deviendra-t-il pour les anglos « le francophone de service » ?
UN ORCHESTRE TROP DISCRET
L’orchestre national de jazz, qui se produit régulièrement à la 5e salle de la Place des Arts, ne fait pas grand bruit (si on peut dire), mais il présente une douzaine de concerts de jazz par saison, tous différents les uns des autres.
C’est avec cet orchestre, le seul orchestre de jazz du pays, que l’ancien ministre de la Culture Maka Kotto a enregistré les deux CD éponymes qui lancent sa carrière musicale, amorcée presque par hasard à l’émission En direct
de l’univers il y a cinq ans. Le 10 avril prochain, l’orchestre présentera en première une création de Philippe Côté, Shades of Bowie.
Côté l’a composée expressément pour le saxophoniste californien Donny Mccaslin qui sera la vedette de la soirée. Sous la direction de la talentueuse compositrice et pianiste Marianne Trudel, l’orchestre de jazz de l’université Mcgill présentera en première partie Two Fifteen, une autre création de Côté. Celui-ci, comme le savent les habitués de L’ONJ, est l’authentique explorateur d’une musique originale qui se situe à la croisée de la musique classique et du jazz.