Le Journal de Quebec

Le monde se plaint de plus en plus

Les citoyens n’en peuvent plus de voir leurs rues jonchées déchets de toutes sortes hiver comme été

- ANOUK LEBEL

Les Montréalai­s sont plus que jamais exaspérés par les déchets de toutes sortes qui jonchent les rues si l’on se fie aux signalemen­ts au 311 qui ont explosé.

« Montréal est sale, très sale », convient Karel Ménard, directeur du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets.

Il se dit tout de même surpris par l’augmentati­on faramineus­e du nombre de signalemen­ts au 311 à ce sujet dans les trois dernières années.

À l’été 2023, la Ville a reçu 15 724 signalemen­ts de Montréalai­s concernant le dépôt illégal de déchets sur la voie publique, soit plus de 4000 de plus qu’à l’été 2021.

Le nombre de signalemen­ts concernant le nettoyage des trottoirs et des rues a quant à lui bondi de plus de 15 % pendant la même période (voir tableau).

MANQUE DE CIVISME

Les poubelles publiques qui débordent, encombrant­s et contenants à usage unique sont monnaie courante sur des grandes artères comme la rue Saint-denis, la rue Fullum et la rue Sainte-catherine, a constaté Le Journal en marchant dans les rues de la métropole.

Il y avait aussi des contenants de café, sacs de chips vides et sacs de plastique aux abords de l’autoroute 40, dans l’ouest de l’île.

M. Ménard y voit un manque de civisme, voire d’amour propre de la part des Québécois.

« On est dans un mode de vie individual­iste. On se fout un peu des gestes qu’on pose. On n’est pas fiers de notre coin de pays. Ce n’est pas juste de la faute des itinérants, des gens qui sont de passage », souligne-t-il.

À l’internatio­nal, « le Québec se démarque, mais pas de la bonne façon », croit-il.

« Ça me désole. C’est quelque chose qui donne une mauvaise image de la ville pour les visiteurs et les gens qui y habitent », renchérit Richard Shearmur, professeur d’urbanisme à l’université Mcgill.

Selon lui, il est grand temps que Montréal prenne la situation plus au sérieux, à l’image de Paris, qui consacre plus de 600 millions d’euros et plus de 2600 travailleu­rs au nettoyage des rues à longueur d’année.

CULTURE DE LA FACILITÉ

Karel Ménard évoque pour sa part une « culture de la facilité » au Québec par rapport à certaines villes d’europe et d’asie.

Au Japon, les citoyens déposent leurs déchets non pas au chemin, mais dans des cloches désignées, plus loin sur la rue, illustre-t-il.

Et dans certaines villes européenne­s, les gens font eux-mêmes le tri de leurs matières recyclable­s à la maison.

La Ville de Montréal entamait son grand ménage du printemps cette semaine.

Devant l’explosion du nombre de signalemen­ts, le porte-parole Philippe Sabourin reconnaît que la Ville a besoin de faire « maison nette ».

Il souligne que chaque requête au 311 fait l’objet d’un suivi personnali­sé et peut-être géolocalis­é si elle est faite via l’applicatio­n.

« On peut l’utiliser pour des endroits qui sont insalubres, pour des poubelles pleines et des graffitis », souligne M. Sabourin.

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1. Sur la rue Sherbrooke, hier, les déchets jonchaient la chaussée et le trottoir.
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3. Un des problèmes de la métropole est les sacs à vidanges qui se font éventrer en attendant d’être ramassés par les éboueurs, comme ici, dans l’arrondisse­ment Ville-marie.
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2. Non loin de là, dans une ruelle près du boulevard PIE-IX, des encombrant­s attendaien­t d’être ramassés en plus d’autres ordures.

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