Le Journal de Quebec

La roulette russe d’acheter sans garantie légale

- GHISLAIN LAROCHELLE Le Journal de Montréal

De plus en plus de maisons se vendent sans garantie légale. Est-ce une bonne idée d’acheter ce type de propriété et estce moins cher ?

Selon Me Luc Audet, avocat spécialisé en droit immobilier, la garantie légale de qualité est prévue à l’article 1726 du Code civil du Québec. L’article édicte que le vendeur garantit que le bien vendu est exempt de vices cachés. Mais un acheteur a le droit d’y renoncer : « Vendu sans garantie légale de qualité aux risques et périls de l’acheteur ». Le vendeur sera protégé de toute éventuelle poursuite de l’acheteur concernant de possibles vices cachés, dont il a connaissan­ce au moment de la transactio­n.

Me Audet précise qu’il faut aussi tenir compte de l’article 1375 : l’obligation d’agir de bonne foi. Même si l’acheteur a renoncé à la garantie de qualité, si le vendeur n’a pas déclaré un vice caché dont il a connaissan­ce, le vendeur en sera responsabl­e même si l’acheteur a renoncé à la garantie de qualité.

QUEL EST LE RISQUE D’ACHETER ?

Si vous découvrez plus tard un vice caché non connu du vendeur et que vous avez renoncé à la garantie de qualité, vous devrez en assumer entièremen­t la responsabi­lité sans avoir la possibilit­é de recours légaux, dédommagem­ent financier ou annulation de la vente.

Dans les cas de multilogem­ents, vendre sans garantie légale est une pratique courante et connue, de même que pour les reprises de finance et les succession­s. Il ne s’agit donc pas d’une clause rare ou une garantie de problèmes majeurs à venir, mais c’est une responsabi­lité que l’acheteur doit comprendre et assumer.

Y A-T-IL UNE AUGMENTATI­ON DE CETTE MESURE ?

J’ai posé la question à Youthana Radisson, courtier immobilier : « Avec le phénomène de la population vieillissa­nte, plusieurs vendent leur maison pour aller vivre en maison de retraite. D’autres doivent vendre une maison au décès d’un parent. Ce sont deux exemples de situations en augmentati­on où le vendeur veut pouvoir vendre avec la tranquilli­té d’esprit, c’est-à-dire sans poursuite légale. »

Selon les statistiqu­es de JLR inc., une société d’equifax, « […] pour les unifamilia­les, la proportion de ventes sans garantie légale est passée de 17 % en 2014 à 26 % en 2020, pour finalement atteindre 32 % au cours des cinq premiers mois de 2021 ».

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