Le Journal de Quebec

Aux premières loges de l’éclipse à l’astrolab

- Karine gagnon Chroniqueu­se karine.gagnon@quebecorme­dia.com

Tant qu’à vivre « le plus surnaturel des phénomènes naturels », comme on décrit l’éclipse totale de Soleil, autant opter pour le site de prédilecti­on des astronomes, l’astrolab du parc national du Montmégant­ic, situé en plein coeur de la zone de totalité.

Comme moi, 2700 crinqués s’étaient réunis hier pour assister au « plus rare et plus grandiose des spectacles naturels », dans ces lieux désignés comme la réserve internatio­nale de ciel étoilé.

Comble de chance, pendant que sur des sites parmi les mieux situés comme Niagara et le Texas le ciel était couvert, au-dessus de Mégantic, il était d’un bleu parfait.

Dans une ambiance de fête, scientifiq­ues et astronomes amateurs en ont eu plein la vue, c’est le cas de le dire.

EN MÉMOIRE D’HUBERT REEVES

Benoit Reeves, fils du grand astrophysi­cien Hubert Reeves décédé l’automne dernier, tenait à être au mont Mégantic pour cette observatio­n, la cinquième à son actif.

Il avait fait le voyage depuis Paris expresséme­nt pour vivre l’expérience. Son père avait parrainé la constructi­on du parc, et son premier télescope est exposé à l’astrolab.

« Je pense que si on a du beau temps, c’est que mon père est làhaut en train de dire : “c’est bon, tu m’as demandé deux semaines à l’avance, j’ai eu le temps de travailler.” C’est rarissime qu’il fasse aussi beau. »

M. Reeves souhaite aussi profiter de son passage au Québec pour proposer que l’astrolab porte le nom de son père à l’avenir.

L’observatoi­re du Montmégant­ic, construit en 1978, ne pouvait être mieux situé, pile-poil au centre de la zone où les astres étaient parfaiteme­nt alignés.

Venu avec son épouse, leurs deux fils, dont un qui vit au Japon, et ses deux petites-filles, Ghislain Pinard, du Club d’astronomie de Rimouski, a partagé volontiers ses télescopes avec les visiteurs.

Astronome amateur, il avait organisé l’activité depuis deux ans. Il avait eu la chance de vivre une première éclipse totale en 1972, à Amqui, un moment qui a changé sa vie.

« On comprend à le vivre, c’est tellement particulie­r de voir ça, et de penser que ça prend un alignement des astres aussi parfait. Et la bague de diamant, qu’on peut voir dans les secondes avant l’éclipse, c’est incroyable comme c’est impression­nant. »

MOMENTS MAGIQUES

Durant les quatre minutes de noirceur, les cris de joie fusaient de partout, les gens applaudiss­aient. Près du Soleil, on pouvait alors apercevoir Vénus et Jupiter.

À mes côtés étaient réunis des étudiants du départemen­t de physique du Cégep de Chicoutimi, partis à 6 h du matin pour être aux premières loges du phénomène.

« C’est très spécial comme moment, on dirait que tous les humains se connectent pour vivre ça », s’est exclamé Pierre-luc Larouche, l’un de leurs professeur­s.

PENSÉE POUR LES ENFANTS

La Société des établissem­ents de plein air du Québec (SÉPAQ) travaillai­t à l’organisati­on de l’événement au parc du Mont-mégantic depuis 2017. Le ministère de l’éducation, dont les directives ont été tout sauf claires, aurait eu avantage à être aussi prévoyant…

En décembre, les places disponible­s à Mégantic se sont envolées en quelques jours. Des gens sont venus d’aussi loin que la France, de l’allemagne, d’un peu partout au Canada et des États-unis, m’a expliqué Marie-george Bélanger, responsabl­e du parc.

Impossible de ne pas avoir une pensée, après avoir vécu ces instants mémorables, pour tous les enfants fréquentan­t des écoles québécoise­s qui ont fermé leurs portes. Quelle occasion manquée de faire vivre aux enfants un événement si marquant !

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