Le Journal de Quebec

Des inquiétude­s pour leurs yeux

Plusieurs Québécois ont contacté des services de santé après avoir observé le spectacle céleste de lundi

- OLIVIER FAUCHER

Des dizaines de Québécois ont rapporté avoir ressenti des symptômes oculaires comme des yeux qui brûlent ou une vision floue après avoir regardé l’éclipse totale de lundi.

« Il y a un record d’appels pour des gens qui ont besoin de voir un optométris­te pour certains symptômes », résume Jade Pauzé, directrice des opérations de la chaîne d’optométris­tes et d’opticiens Doyle.

Cette dernière, qui compte 25 établissem­ents à travers le Québec, a reçu, depuis l’éclipse solaire de lundi après-midi, plus d’une centaine d’appels pour des symptômes que les gens associent au phénomène astronomiq­ue.

« On parle d’yeux qui brûlent, de vision embrouillé­e, de petits flashs lumineux », décrit Mme Pauzé.

Si une partie de ces gens avaient avant tout des questionne­ments et un besoin d’être rassurés, une cinquantai­ne d’entre eux ont tout de même pris un rendez-vous pour faire examiner leur vision.

REDIRIGÉS VERS LE 811

Urgences-santé a indiqué de son côté avoir reçu quatre appels de personnes qui déclaraien­t avoir une « vision floue » qui ont été redirigés vers le 811.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux n’a pas été en mesure lundi de dire combien d’appels le 811 a reçus en lien avec l’éclipse dans la province.

Toutefois, le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie­centre a indiqué que 11 appels ont été signalés relativeme­nt aux symptômes aux yeux dans l’ensemble de la Montérégie, parmi lesquels dix étaient des demandes d’informatio­n.

« Dès qu’on sent que la personne désire être vue pour se faire rassurer, on peut donner un rendez-vous », explique l’optométris­te Karl Brousseau, directeur des services cliniques chez Doyle.

Celui-ci croit néanmoins que « la très grande majorité » de ces personnes ont été incommodée­s de façon « mineure ».

PAS DE RÉTINE BRÛLÉE

Une éclipse solaire pose un risque de blessure permanente à la rétine, surtout juste avant et après la phase totale. Les quelques rayons de soleil restants peuvent alors être dommageabl­es si regardés sans protection, même s’ils ne sont pas éblouissan­ts.

Ceux qui utilisent des télescopes ou « quelconque système grossissan­t » s’exposent davantage à cette blessure, souligne Jean-marie Hanssens, professeur agrégé à l’école d’optométrie de l’université de Montréal.

« Des symptômes directemen­t reliés à une brûlure de rétine, je n’ai pas connaissan­ce de ça à date », a toutefois précisé M. Brousseau.

Plusieurs centres intégrés universita­ires de santé et de services sociaux et CISSS des régions où s’est déroulée l’éclipse totale ont aussi précisé n’avoir eu aucune visite aux urgences pour des symptômes oculaires.

VIGIE EN COURS

L’ordre des optométris­tes a d’ailleurs mis sur pied une vigie avec la Santé publique du Québec pour documenter les cas de lésions oculaires.

Une revue de littératur­e produite par l’ordre soulignait que les atteintes oculaires secondaire­s liées aux éclipses sont relativeme­nt rares, mais probableme­nt sous-estimées.

Une étude avait permis de documenter 253 cas sur 30 à 50 millions d’observateu­rs en France lors de l’éclipse de 1999.

« Pour n’importe quoi qui est anormal et qui persiste, on peut consulter un ophtalmolo­giste, mais le plus simple reste l’optométris­te, car c’est la première ligne la plus facilement accessible », conclut le professeur Hanssens.

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PHOTO BEN PELOSSE Le directeur des services cliniques chez Doyle, Karl Brousseau (à droite), montre le type d’examen qui peut être effectué sur son collègue Charles St-laurent.

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