Des animaux affectés par la disparition du Soleil
Des scientifiques ont profité du phénomène pour observer leur comportement
Des coqs ont chanté et des animaux du Zoo de Granby ont changé de comportement subitement quand leur habitat a été plongé dans le noir durant l’éclipse.
Dès le samedi, soit deux jours avant le jour J, une douzaine de techniciens animaliers et de biologistes ont pris part au projet de recherche du zoo qui a eu lieu durant l’éclipse solaire totale de lundi.
C’est Pierre Chastenay, astronome et professeur de didactique des sciences à l’université du Québec à Montréal (UQAM), qui était le maître d’oeuvre du projet mené auprès de 12 espèces animales en captivité. Ils ont commencé leurs observations afin de pouvoir comparer les moeurs et comportements des bêtes durant les 3 minutes 26 secondes de la totalité.
S’il est encore tôt pour tirer des conclusions, le chercheur mentionne que les espèces semblent avoir réagi de différentes manières à la chute de luminosité et de température.
De son point de vue, M. Chastenay a observé un net changement de comportement dans la colonie de macaques japonais. Ils se sont réfugiés en hauteur en criant.
Chez les autruches et les lophophores, une grosse perdrix colorée de l’himalaya, l’arrivée subite de la nuit a aussi provoqué un changement de comportement, les animaux cherchant à se mettre à l’abri.
Les zèbres se sont agités subitement, galopant dans la savane et se mordillant les uns les autres. Par contre, les ours, pandas et léopards n’ont pas cligné de l’oeil…
Un comportement qui s’expliquerait par la réaction de danger imminent pour les proies, non ressentie par les prédateurs.
LES COQS CHANTENT
La nuit tombée en pleine après-midi a aussi surpris les animaux d’élevage.
« Les coqs ont chanté pour rassembler les poules », a noté Marie-christine Auger, une éleveuse de volailles de Saint-françoisxavier-de-brompton, en Estrie.
Mme Auger a porté attention à la bassecour tout en observant elle-même l’éclipse. Alors que les 20 pondeuses en liberté se nourrissaient ici et là sur sa terre, les deux coqs ont « vu venir » l’éclipse une quinzaine de minutes avant la totalité et ont commencé à sonner le rassemblement.
Jugeant qu’il ne pouvait pas rentrer dans le poulailler pour la nuit, le petit groupe s’est réuni « collé collé » autour d’un arbre jusqu’au retour du Soleil.
UN TOURNANT EN ZOOLOGIE
En excluant toute activité humaine autour des cages du Zoo de Granby, l’expérience menée lundi pourrait marquer un tournant dans la façon d’observer les animaux durant une éclipse solaire.
« À la différence des autres zoos des États-unis et même d’europe qui ont mené des expériences similaires, le site de Granby a été fermé aux visiteurs et nous avons tâché de diminuer au maximum l’effet des activités humaines sur les animaux observés », explique M. Chastenay.
Dans la littérature scientifique, la variable de l’activité humaine pourrait fausser les données, croit le professeur de didactique des sciences à L’UQAM qui a travaillé avec la biologiste du zoo, Julie Hébert.
« Vous avez vu combien les gens crient et applaudissent quand la noirceur tombe ? Les animaux réagissent-ils à l’éclipse ou à l’émotion ? C’est l’élément qu’on a voulu éviter. »