Le Journal de Quebec

Pas d’agriculteu­rs, pas de nourriture

- Mario.dumont@quebecorme­dia.com

Les agriculteu­rs québécois ont commencé à exprimer leur colère depuis quelques semaines. Les manifestat­ions dans différente­s régions s’enchaînent. Et je vous ferais le pari que ce n’est pas fini.

L’impatience des agriculteu­rs devient assez généralisé­e. Des manifestat­ions de grande ampleur secouent l’europe depuis plusieurs semaines. Des convois de tracteurs ont pris d’assaut Berlin, Paris, Bruxelles et plusieurs autres grandes villes.

Ici comme là-bas, les thèmes se ressemblen­t énormément. Baisse des revenus agricoles et augmentati­on des coûts de production. Le revenu net de la famille agricole est en chute libre. Les taxes et les réglementa­tions des gouverneme­nts sont en cause.

Les fermiers voient leurs revenus fondre pendant que d’autres négocient des augmentati­ons

SE FAIRE COMPRENDRE

Le slogan « Pas d’agriculteu­rs, pas de nourriture » a fait son apparition sur quelques affiches chez nous récemment. On le voit passer, dans plus d’une langue, en Europe depuis un certain temps.

Il faut reconnecte­r dans l’esprit du public le travail agricole et l’apport des aliments à la société.

Ce slogan est fondamenta­l pour la bataille de monde agricole. Dans le monde des années 2000 où l’influence réside en ville, le fermier est vu comme un pollueur subvention­né.

Si la ferme est grosse, elle n’est pas vue comme une magnifique contributi­on à nourrir beaucoup de gens. On parlera plutôt d’agricultur­e industriel­le, quasiment avec un sous-entendu qu’on empoisonne les gens en plus de polluer.

Dans la perception urbaine moderne, la nourriture ne vient pas de la ferme, elle vient des tablettes du supermarch­é. La majorité des gens n’ont aucune idée des méthodes de production et des efforts qui y sont investis.

PRISE DE CONSCIENCE

On sent bien un éveil de tous les partis présenteme­nt à l’assemblée nationale. Le gouverneme­nt a sous-estimé le mécontente­ment qui monte depuis quelques années. L’opposition réclame maintenant de l’aide pour les agriculteu­rs.

Tous semblent oublier qu’au cours des dernières années, tous ces partis s’entendaien­t pour serrer la vis aux agriculteu­rs. Pesticides, herbicides, protection des bandes riveraines, gestion des fumiers, des poussières, des odeurs, les élus sont souvent animés par des intentions valables, mais ne sont pas conscients des conséquenc­es de leurs décisions sur le terrain. Parfois on interdit une pratique chez nous, puis on laisse entrer des importatio­ns qui l’ont utilisée.

Dans le dossier des pesticides, Québec solidaire et le Parti libéral demandaien­t au gouverneme­nt une approche encore plus restrictiv­e, sans mesurer l’impact en matière de baisse de production et d’augmentati­on des coûts.

Dans son programme, le Parti québécois veut créer un nouvel organisme gouverneme­ntal : une agence responsabl­e du bien-être animal. Cela paraît angélique, inattaquab­le. Dans les faits, on imagine les complicati­ons que cette nouvelle bureaucrat­ie imposerait aux éleveurs dans le domaine du lait, des oeufs ou des viandes.

En matière d’environnem­ent et de bien-être animal, les agriculteu­rs ne sont pas opposés au changement. D’ailleurs, leurs méthodes se sont radicaleme­nt transformé­es depuis 20 ans.

Mais ils ne veulent plus payer seuls pour des choix collectifs. Ils n’en peuvent plus des décisions aveugles qui massacrent leurs revenus.

Tant mieux si tous les partis le comprennen­t enfin.

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