Pas d’agriculteurs, pas de nourriture
Les agriculteurs québécois ont commencé à exprimer leur colère depuis quelques semaines. Les manifestations dans différentes régions s’enchaînent. Et je vous ferais le pari que ce n’est pas fini.
L’impatience des agriculteurs devient assez généralisée. Des manifestations de grande ampleur secouent l’europe depuis plusieurs semaines. Des convois de tracteurs ont pris d’assaut Berlin, Paris, Bruxelles et plusieurs autres grandes villes.
Ici comme là-bas, les thèmes se ressemblent énormément. Baisse des revenus agricoles et augmentation des coûts de production. Le revenu net de la famille agricole est en chute libre. Les taxes et les réglementations des gouvernements sont en cause.
Les fermiers voient leurs revenus fondre pendant que d’autres négocient des augmentations
SE FAIRE COMPRENDRE
Le slogan « Pas d’agriculteurs, pas de nourriture » a fait son apparition sur quelques affiches chez nous récemment. On le voit passer, dans plus d’une langue, en Europe depuis un certain temps.
Il faut reconnecter dans l’esprit du public le travail agricole et l’apport des aliments à la société.
Ce slogan est fondamental pour la bataille de monde agricole. Dans le monde des années 2000 où l’influence réside en ville, le fermier est vu comme un pollueur subventionné.
Si la ferme est grosse, elle n’est pas vue comme une magnifique contribution à nourrir beaucoup de gens. On parlera plutôt d’agriculture industrielle, quasiment avec un sous-entendu qu’on empoisonne les gens en plus de polluer.
Dans la perception urbaine moderne, la nourriture ne vient pas de la ferme, elle vient des tablettes du supermarché. La majorité des gens n’ont aucune idée des méthodes de production et des efforts qui y sont investis.
PRISE DE CONSCIENCE
On sent bien un éveil de tous les partis présentement à l’assemblée nationale. Le gouvernement a sous-estimé le mécontentement qui monte depuis quelques années. L’opposition réclame maintenant de l’aide pour les agriculteurs.
Tous semblent oublier qu’au cours des dernières années, tous ces partis s’entendaient pour serrer la vis aux agriculteurs. Pesticides, herbicides, protection des bandes riveraines, gestion des fumiers, des poussières, des odeurs, les élus sont souvent animés par des intentions valables, mais ne sont pas conscients des conséquences de leurs décisions sur le terrain. Parfois on interdit une pratique chez nous, puis on laisse entrer des importations qui l’ont utilisée.
Dans le dossier des pesticides, Québec solidaire et le Parti libéral demandaient au gouvernement une approche encore plus restrictive, sans mesurer l’impact en matière de baisse de production et d’augmentation des coûts.
Dans son programme, le Parti québécois veut créer un nouvel organisme gouvernemental : une agence responsable du bien-être animal. Cela paraît angélique, inattaquable. Dans les faits, on imagine les complications que cette nouvelle bureaucratie imposerait aux éleveurs dans le domaine du lait, des oeufs ou des viandes.
En matière d’environnement et de bien-être animal, les agriculteurs ne sont pas opposés au changement. D’ailleurs, leurs méthodes se sont radicalement transformées depuis 20 ans.
Mais ils ne veulent plus payer seuls pour des choix collectifs. Ils n’en peuvent plus des décisions aveugles qui massacrent leurs revenus.
Tant mieux si tous les partis le comprennent enfin.