Une ingérence de Pékin « très improbable »
Justin Trudeau croit que la Chine n’avait aucune préférence politique lors des élections de 2019 et 2021
OTTAWA | Justin Trudeau persiste et signe : les résultats des élections de 2019 et de 2021 n’ont pas été influencés par de l’ingérence étrangère et la Chine n’avait aucune raison de préférer l’élection d’un gouvernement libéral.
« Tous les breffages que j’ai reçus de tous mes experts en renseignement indiquent que ces élections ont été conduites de façon libre et équitable, malgré les tentatives d’ingérence étrangère. Ces élections ont été décidées par les Canadiens », a martelé le premier ministre lors de son témoignage devant la commission sur l’ingérence étrangère, hier.
Durant les travaux de la commission, le chef conservateur de l’époque, Erin O’toole, a affirmé que l’ingérence de la Chine lui avait coûté au moins neuf sièges au pays.
Justin Trudeau avait, à ce moment, balayé du revers de la main ces graves allégations, soulignant que M. O’toole cherchait des excuses pour sa défaite.
EN FROID AVEC PÉKIN
Plus encore, Justin Trudeau a soutenu, lors de son témoignage, que rien n’indiquait que le Parti communiste chinois préférait l’élection d’un gouvernement libéral, perçu comme lui étant plus sympathique.
Le premier ministre a rappelé que le Canada et la Chine étaient en froid après la détention arbitraire de deux citoyens canadiens en Chine, Michael Spavor et Michael Kovrig, de décembre 2019 à septembre 2021.
Dans ce contexte, « cela me semble très improbable que le gouvernement chinois lui-même ait eu une préférence dans le résultat des élections », même s’il est possible que des acteurs locaux aient évoqué cette inclination.
Durant le dernier scrutin, le Parti conservateur a été victime d’une campagne de désinformation sur les réseaux sociaux de langue chinoise.
Les organes fédéraux responsables de signaler les tentatives d’ingérence étrangère dans nos élections n’ont publiquement levé aucun drapeau rouge durant le scrutin, car ils n’ont pas jugé que ce seuil avait été atteint.
PAS TOUJOURS FIABLE
Tout comme l’ont fait ses plus proches conseillers la veille, M. Trudeau a soutenu que les informations relayées par les services secrets n’étaient pas toujours fiables.
« Il y a toujours un certain niveau, pas de scepticisme, mais de pensée critique qui doit s’appliquer à toute information recueillie par nos services de renseignement », a laissé tomber M. Trudeau.
Le chef libéral a aussi soutenu qu’il ne lisait pas tous les mémos qu’il recevait, puisque « la seule façon de garantir ou de s'assurer que je reçoive les informations nécessaires, c'est de me donner un breffage en personne ou au téléphone sécurisé ».
La juge Marie-josée Hogue déposera un premier rapport au début du mois de mai.