Le Journal de Quebec

Il faut des « Top Gun » pour le pouvoir québécois

- joseph.facal@quebecorme­dia.com Joseph Facal

Je reste persuadé que François Legault est enragé, ulcéré par les intrusions d’ottawa dans les champs de compétence du Québec.

La dernière rafale est parmi les plus scandaleus­ement racoleuses et électorali­stes de notre histoire.

S’il y avait des solutions faciles, on les aurait trouvées.

Elle est très loin l’époque où Duplessis avait carrément interdit aux université­s québécoise­s de toucher à l’argent d’ottawa.

QUOI FAIRE ?

Les intrusions d’ottawa dans ces champs qui ne relèvent pas de ses responsabi­lités se font par le biais de ce qu’on appelle le pouvoir fédéral de dépenser.

Elles prennent quatre formes : les transferts en bloc aux gouverneme­nts provinciau­x, les programmes cofinancés, les transferts directs aux individus et aux municipali­tés, et la péréquatio­n.

Elles sont problémati­ques parce qu’elles imposent aux provinces des priorités qui ne sont pas les leurs, chamboulen­t leur planificat­ion, créent des monstres bureaucrat­iques, surviennen­t dans des domaines où Ottawa n’a souvent aucune expertise, et sapent carrément l’esprit et la lettre du fédéralism­e.

Dans la constituti­on de 1867, il n’y a pas un mot sur ce pouvoir fédéral d’envahir des juridictio­ns qui ne sont pas les siennes.

Dans la constituti­on de 1982, seule la péréquatio­n est explicitem­ent mentionnée.

Dans les jugements des tribunaux, le pouvoir fédéral est mentionné, admis, mais on ne le présente jamais comme assis sur des principes constituti­onnels établis.

Longtemps, le gouverneme­nt du Québec a songé à le contester devant les tribunaux.

Il ne l’a jamais fait, craignant qu’une défaite ne donne enfin à ce pouvoir cette solide assise juridique manquante.

Mais aujourd’hui, alors que le premier ministre du Canada dit carrément qu’il fera comme il voudra sous prétexte que les gens « s’en foutent », qu’est-ce que le Québec a à perdre ?

S’il gagne, il freine Ottawa. S’il perd, il illustre la vraie nature du régime canadien, de moins en moins fédéral.

De toute façon, pendant ce temps, Ottawa fait ce qu’il veut avec notre argent et tous tendent la main comme des mendiants.

On pourrait par exemple demander au tribunal, comme le suggère le juriste Marc-andré Turcotte, si l’existence de ce pouvoir est compatible avec la nature supposémen­t fédérale (donc fondée sur un partage clair des compétence­s) du régime politique.

Plus largement, le

Québec compte plusieurs constituti­onnalistes de renom sur ces questions.

Le gouverneme­nt caquiste se cherche des « Top Gun », dit-il, pour gérer la santé.

Nous avons des « Top Gun » sur le plan constituti­onnel. Ils ne demandent qu’à se rendre utiles.

AGIR

Il faut les réunir dans une cellule opérationn­elle, un task force, sous coordinati­on gouverneme­ntale, et leur demander de retourner toutes les pierres, de penser en dehors de la boîte.

Il faudrait ensuite déclencher une guérilla judiciaire continuell­e, soutenue, sur des fronts multiples.

On mettrait des bâtons dans les roues d’ottawa et on exposerait, pour ceux qui n’ont pas encore compris, la nature impériale du régime canadien.

Nous en sommes là. Qui propose mieux ?

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