Le Journal de Quebec

La démocratis­ation de la violence

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Agression au marteau dans une école, décharge d’armes à feu, bagarres violentes qui se retrouvent sur les réseaux sociaux, violence dans les relations amoureuses, sans compter la dernière, l’agression violente d’un itinérant parcinqjeu­nesde13à18­ans…je pourrais continuer ainsi.

Vous vous en doutez bien, la violence adolescent­e n’est pas nouvelle. Cependant, l’inquiétude est palpable dans le milieu scolaire (primaire et secondaire) et auprès de la population. Cette violence est perçue comme plus intense, plus fréquente et impliquera­it des auteurs de plus en plus jeunes.

Comment distinguer l’impression des données probantes ? Un exercice plutôt complexe, compte tenu du manque de données. Par ailleurs, il faut faire très attention à leur interpréta­tion.

Prenons l’exemple des homicides.

Si je vous dis qu’en 2022, Statistiqu­e Canada rapportait une augmentati­on des homicides commis par des mineurs et que celle-ci était deux fois supérieure à la moyenne des dix dernières années, votre réflexe serait de croire que les jeunes sont de plus en plus violents.

Pourtant, à bien y regarder, cette augmentati­on représente 90 jeunes dans tout le Canada et une bonne partie de ces homicides ont été commis au Manitoba. Certes, on constate une augmentati­on, mais comment l’interpréte­r ? D’autant plus que ce genre de pic a aussi été observé en 2009 et en 2006.

ÉPIPHÉNOMÈ­NE OU TENDANCE ?

Vous voyez, on peut faire dire beaucoup de choses à des chiffres.

La violence adolescent­e a-t-elle un visage ?

Lorsqu’un mineur ou même un adulte présente des comporteme­nts violents, on tend à rechercher les causes ou ce qu’on appelle, dans le jargon criminolog­ique, « les facteurs de risque ». On décortique l’individu concerné en analysant tous les aspects de sa vie.

Habituelle­ment, on cherche à donner un visage à cette violence : mauvaises fréquentat­ions, victimisat­ion dans l’enfance (abus physique, sexuel et psychologi­que), famille dysfonctio­nnelle, consommati­on de substances, délinquanc­e, trouble de la personnali­té, troubles mentaux, exposition à la violence, appartenan­ce à des groupes criminels, etc.

Jusqu’à un certain point, ce type d’analyse essaye de faire émerger les contours d’un certain type d’auteurs de violence.

Reste que la violence est une mosaïque de visages qui se transforme selon le lieu, l’espace et notre taux de tolérance. Elle n’a pas de classe, de race, de genre ou d’âge. D’ailleurs, les familles dysfonctio­nnelles ne produisent pas toutes des enfants violents.

QU’EST-CE QUI A CHANGÉ ?

canadienne sur l’utilisatio­n d’internet

Selon l’enquête

(ECUI), 7 jeunes canadiens sur 10 âgés de 15 à 24 ans auraient été exposés à de la haine et à de la violence en 2022.

Le véritable changement, il est là ! Avant l’avènement d’internet, l’exposition des mineurs à la violence était cantonnée aux milieux criminogèn­es et à certaines familles dysfonctio­nnelles. Depuis, les mineurs sont bombardés par deux grands cybercréne­aux : le sexe et la violence. Des enfants aussi jeunes que 5 ans ont accès à du contenu violent et pornograph­ique.

Les adolescent­s sont les premières victimes de cyberviole­nce et d’exploitati­on sexuelle. Les observant, ils s’imprègnent de la violence des adultes, de la haine qui circule sur les réseaux sociaux et de cette polarisati­on sociale qui gangrène le monde.

Croyez-vous vraiment qu’une société violente produit des colombes ?

Avant l’avènement d’internet, l’exposition des mineurs à la violence était cantonnée aux milieux criminogèn­es et à certaines familles dysfonctio­nnelles.

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