Le Journal de Quebec

Une ancienne agente espère éviter la prison

Elle livrait stupéfiant­s, cellulaire­s et armes aux détenus derrière les barreaux

- MICHAËL NGUYEN

Une ex-agente des services correction­nels qui avait fait entrer de la drogue, des cellulaire­s et des armes pour des détenus a imploré le juge de ne pas la faire passer de l’autre côté des barreaux, en suggérant plutôt de lui imposer de la prison à domicile.

« J’ai beaucoup de remords pour avoir mis en péril la vie d’agents et de détenus. J’ai honte, je regrette ce que j’ai fait », a déclaré Fania Jean-charles, hier, au palais de justice de Montréal.

Du même coup, la gardienne de prison déchue a juré qu’elle faisait tout pour se « rebâtir » et donc qu’elle ne méritait pas d’incarcérat­ion ferme pour ses crimes commis en 2021.

C’est qu’à l’époque, la femme travaillai­t à la prison de Rivière-des-prairies depuis plusieurs années quand elle s’est fait offrir quelques centaines de dollars pour faire entrer de la contreband­e aux détenus.

5000 $ POUR SES LIVRAISONS

Ainsi, en prétextant un manque de nourriture pour les détenus, elle avait commencé à aller au travail avec des canettes de boisson ou des contenants de chips. Sauf qu’à l’intérieur se cachaient des lames, des cellulaire­s, du cannabis et du tabac.

« De façon volontaire, elle a mis en péril la sécurité de ses collègues et ses détenus », a rappelé le juge Salvatore Mascia.

L’accusée, âgée de 40 ans, s’était toutefois fait prendre par des collègues à l’affût, en plein pendant qu’elle déposait un sac brun devant une porte coulissant­e d’une aile complète de la prison. Il contenait 139 grammes de cannabis, 104 grammes de tabac, mais aussi trois téléphones cellulaire­s, cinq lames de couteau et des briquets.

Au total, Jean-charles avait empoché 5000 $ pour ses livraisons illicites.

Pour Me Sara Hennigsson de la Couronne, ce crime est un grave abus de confiance qui mérite assurément que Jean-charles se retrouve de l’autre côté de la barrière.

Selon elle, une peine de 18 mois de prison ferme suivie d’une probation serait appropriée, afin de dissuader quiconque d’imiter la gardienne devenue criminelle.

THÉRAPIE AVEC UNE... NATUROPATH­E

Me Valérie Acosta de la défense n’est toutefois pas de cet avis, d’autant plus que Jean-charles aurait cheminé, entre autres en suivant une thérapie.

« On travaille sur mes émotions, pour être capable de prendre du recul, de voir mes défauts et les transforme­r en force », a d’ailleurs témoigné Jean-charles.

Le juge a toutefois questionné l’accusée sur l’auteur du rapport. D’un ton assuré,

Jean-charles a répondu qu’il s’agissait d’une « thérapeute en relation d’aide » pour ensuite admettre qu’il s’agissait en réalité d’une naturopath­e, et non d’une psychologu­e ou d’une psychiatre, comme c’est en général le cas.

« CE N’ÉTAIT PAS DES SANDWICHES »

Le juge a ensuite rappelé que même si Jean-charles n’avait pas eu l’idée ellemême d’introduire de la drogue et des armes en prison, c’est grâce à elle que le plan a pu être exécuté. Et même s’il n’y avait eu qu’une seule saisie, il était probable qu’elle avait déjà fait le coup plus tôt.

« Ce n’était pas des sandwiches, et certaineme­nt pas des chips », a commenté le juge alors que la défense plaidait qu’on ignorait le contenu des colis qui étaient tombés dans les mains des détenus.

Le juge a pris l’affaire en délibéré et rendra sa sentence en juin.

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PHOTO D’ARCHIVES ET MICHAËL NGUYEN
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C’est à la prison de Rivière-des-prairies que l’ex-agente correction­nelle Fania Jean-charles a fait entrer de la contreband­e au profit des détenus, en 2021. En mortaise, Fania Jean-charles était de passage au palais de justice de Montréal, hier.

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