Plus difficile pour le Québec de percer en France que l’inverse
Les exportations françaises dans la Belle Province ont bondi de 50 % entre 2016 et 2023
Le libre-échange avec l’europe a permis d’accroître les échanges commerciaux entre le Québec et la France, mais il est loin d’avoir éliminé toutes les barrières économiques.
De 2016 à 2023, les exportations françaises au Québec ont bondi de plus de 50 % pour atteindre 3,8 milliards $. En revanche, les exportations québécoises en France n’ont progressé que de 28 % pendant la même période pour s’élever à 1,6 milliard $.
« Dans l’ensemble, ce qu’on peut voir, c’est que le commerce entre le Canada et l’union européenne a augmenté des deux côtés. Je pense que c’est ça la bonne nouvelle et c’est ce sur quoi il faut focaliser », soutient Patrick Leblond, professeur à l’université d’ottawa.
Il faut dire que les grandes entreprises françaises sont beaucoup plus présentes ici que le Québec inc. en France. Pas moins de 70 % des entreprises qui composent l’indice principal de la Bourse de Paris (CAC 40) sont présentes dans la métropole québécoise, souligne Montréal International. Elles emploient plus de 45 000 personnes.
La France n’hésite pas à protéger ses champions nationaux. Au début de 2021, le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, a bloqué la vente du détaillant Carrefour à Couche-tard. Pourtant, des géants français comme Airbus, Alstom, Michelin et Keolis ont tous fait des acquisitions au Québec, souvent avec le soutien du gouvernement ou de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
« C’EST TRÈS DIFFICILE EN FRANCE »
CGI et Boralex font partie des rares entreprises québécoises qui ont une présence importante en France.
« J’ai déjà entendu beaucoup de PDG québécois, canadiens ou d’autres pays dire que c’est très difficile en France. Oui, ça l’est et nous, on y est arrivés », affirme le PDG de Boralex, Patrick Decostre.
« On n’est pas arrivés en disant “voici comment on fait au Québec, voici comment vous devriez faire en France”, raconte-t-il. On s’est adaptés. »
Aujourd’hui, Boralex est le plus important producteur indépendant d’énergie éolienne en France avec une puissance installée de plus de 3000 mégawatts.
« On a appris l’éolien et le solaire en France », indique M. Decostre.
Francis Repka, PDG de la filiale canadienne de la banque Société Générale, croit que le rapprochement économique entre la France et le Québec se poursuivra.
« Je note qu’il y a beaucoup de points de contact », dit-il, en évoquant des secteurs comme l’aéronautique, les sciences de la vie et l’énergie.
Dans le dossier de la filière batterie, Société Générale a d’ailleurs agi comme conseiller financier pour Nouveau Monde Graphite, Hydro-québec et Investissement Québec.