Le Journal de Quebec

Des assureurs qui peuvent faire ce qu’ils veulent

- VINCENT DESBIENS

Alors que la vaste majorité des maîtres préfèrent accumuler un fonds d’urgence pour payer les frais d’urgences médicales, plusieurs vétérinair­es aimeraient en voir davantage se tourner vers l’assurance canine.

Malgré la hausse des coûts des soins, les assurances pour animaux demeurent un phénomène marginal au Québec, alors qu’à peine 2 à 3 % des propriétai­res de chiens en sont dotés, selon le comparateu­r de produits financiers Hellosafe. Elles sont pourtant largement répandues en Europe, comme en Suède (80 %) ou au Royaume-uni (35 %).

La présidente de l’associatio­n des médecins vétérinair­es du Québec (AMVQ), Ève-lyne Bouchard, souligne que les attentes de la population ont largement augmenté par rapport à la pratique au fil des ans.

« La facture peut rapidement grimper et on peut aller beaucoup plus loin quand les gens n’ont pas à payer tous les frais. À l’associatio­n, on recommande une assurance aux gens. »

«UNPEULE FAR WEST »

Mathieu Mireault, le propriétai­re de Croquette, un bouvier bernois de deux ans, a eu droit à toute une surprise en janvier dernier.

Une lettre de son assureur, Trupanion, l’avertissai­t que le coût mensuel de sa prime d’assurance allait passer de 78,50 $ à 127,08 $ à partir de février.

« Ce n’était même pas au renouvelle­ment annuel, c’est sorti de nulle part. »

Questionné­e par Le Journal à savoir combien de fois par année un assureur peut faire grimper le tarif, une employée de Desjardins Assurances a confirmé à demi-mot qu’il n’existait « pas de limite à proprement parler ».

« Pourquoi est-ce que ma prime d’assurance habitation ou automobile ne peut augmenter qu’une fois par année, au renouvelle­ment, et pas celle pour mon chien ? se demande-t-il. C’est un peu le Far West ? » s’interroge M. Mireault.

UN MANQUE DE DISCERNEME­NT

Elle-même assurée pour son animal, une autre vétérinair­e qui a accepté de témoigner sous le couvert de l’anonymat soutient que les assureurs « manquent de jugement clinique et de nuance » pour décider des services à exclure en fonction des problémati­ques passées.

« Ils se basent uniquement sur ce qui est écrit dans le dossier vétérinair­e et exigent un nouvel examen complet pour abolir une exclusion. Des fois, les clients nous demandent de ne pas écrire que leur chien a, par exemple, les selles molles après un changement de nourriture, parce que les assureurs vont exclure tout le système gastro-intestinal sans se poser de question. »

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