La condamnation d’un cardinal fait réagir
Le fait reproché au cardinal Marc Ouellet est le renvoi « sans motif » d’une religieuse
CITÉ DU VATICAN | (AFP) Le Vatican a qualifié samedi de « grave violation » de la liberté de religion la condamnation par un tribunal français de la Communauté des Dominicaines du Saint-esprit et du cardinal canadien Marc Ouellet pour le renvoi « sans motif » d’une religieuse.
Le jugement du tribunal civil de Lorient, dont le Saint-siège dit n’avoir eu connaissance que « par voie de presse », « pourrait avoir donné lieu à une grave violation des droits fondamentaux à la liberté de religion et à la liberté d’association des fidèles catholiques », peut-on lire dans un communiqué diffusé par la salle de presse du Vatican.
Le 3 avril, le tribunal de Lorient a condamné cette communauté religieuse à verser à son ancienne pensionnaire 267 000 dollars canadiens pour son préjudice matériel et environ 15 000 $ au titre de son préjudice moral, solidairement avec le cardinal canadien et les « visiteurs apostoliques » (des enquêteurs) du Vatican Jeancharles Nault et Maylis Desjobert, allés faire des investigations sur place.
Le Saint-siège explique la sévérité de ses accusations par le fait que le tribunal s’est prononcé « au sujet de la discipline interne et de l’appartenance à un ordre religieux », arguant également que « le cardinal Marc Ouellet n’a jamais reçu de citation à comparaître du tribunal de Lorient »
Il confirme en outre, dans son communiqué, qu’une note verbale concernant cette affaire a été adressée par la secrétairerie d’état à l’ambassade de France près le Saint-siège.
DÉMISSION
Le Vatican reconnaît toutefois que le cardinal a « effectivement rendu une visite apostolique à la Communauté des
Dominicaines du Saint-esprit en vertu d’un mandat pontifical » et qu’« à l’issue de cette visite, des mesures canoniques ont été prises à l’encontre de Mme Sabine de la Valette (ex-soeur Marie Ferréol), dont son renvoi ».
La religieuse vivait sans histoire depuis 1987 dans cette communauté proche des mouvements traditionalistes catholiques. Mais, selon son avocate, à partir de 2011, les choses s’étaient envenimées, quand soeur Marie Ferréol avait dénoncé « des dérives et des faits graves ».
D’après le tribunal, aucune preuve n’a été apportée par l’association démontrant que la radiation avait été réalisée dans le respect de ses statuts.
Le cardinal Marc Ouellet, qui était préfet du Dicastère pour les évêques au Vatican à l’époque des faits, a démissionné de ces hautes fonctions en janvier, officiellement « en raison de la limite d’âge », alors qu’il a été accusé d’agression sexuelle au Québec.