Le Journal de Quebec

Marioupol sans pub à Radio-canada

- Guy Fornier guy.fournier@quebecorme­dia.com

Radio-canada aurait-elle enfin compris qu’il y a des émissions qu’il est obscène d’entrecoupe­r de publicités?

Jeudi soir dernier, RDI a présenté le documentai­re bouleversa­nt 20 jours à Marioupol à l’émission 24/60 d’anne-marie Dussault. Un 93 minutes d’images déchirante­s, de scènes insoutenab­les et d’appels au secours crève-coeur qu’il aurait été odieux d’interrompr­e par des messages publicitai­res. Comme il est exécrable que le diffuseur public continue de le faire dans ses téléjourna­ux. Une pratique courante que je dénonce depuis des années, comme Alain Saulnier, Tony Berman et la plupart de ceux qui furent responsabl­es de l’informatio­n à Cbc/radio-canada.

Mais on m’a dit qu’on ne devait pas à Radio-canada ce soudain éclair de bon jugement, mais plutôt au réalisateu­r du film, l’ukrainien Mstyslav Tchernov, qui a risqué sa vie pour enregistre­r les images horrifiant­es du siège de Marioupol. Lui et les autres producteur­s, l’associated Press et Frontline PBS, poseraient comme condition aux chaînes et aux plateforme­s qui diffusent le film de ne pas l’entrecoupe­r de publicités.

UN FILM QU’IL FAUT VOIR

Le réalisateu­r, son photograph­e, Evgeniy, et la journalist­e Vasylisa Stepanenko se retrouvère­nt coincés à Marioupol en février 2022 au moment de l’invasion russe. Pendant vingt jours, ils ont enregistré en photos et en vidéos l’horreur du siège et les atrocités dont furent victimes des milliers de citoyens et d’enfants de la ville martyre. Accompli sans repos et dans la peur constante d’être criblés de balles ou ensevelis sous les décombres des immeubles bombardés, leur valeureux travail leur a valu le prix Pulitzer.

J’exhorte de façon pressante ceux qui n’ont pas encore vu ce documentai­re à syntoniser ICI TOU.TV ou Youtube avant qu’il ne soit plus à l’affiche. Ce n’est pas par sympathie pour les Ukrainiens si ce film vient de remporter l’oscar du meilleur long métrage documentai­re, le premier Oscar gagné par l’ukraine. Le film avait déjà raflé le prix du public au Festival du film de Sundance, les prix du jury et du public au Festival Docudays de Kyiv et le BAFTA du meilleur documentai­re en Grande-bretagne.

20 jours à Marioupol est l’un des films les plus saisissant­s qu’il m’ait été donné de voir. Même les images terrifiant­es que nous voyons sur la destructio­n de Gaza depuis six mois me semblent plus supportabl­es. C’est dire la violence inhumaine du siège de la métropole portuaire d’ukraine.

LES PRODUCTEUR­S, UN COUP DE MAÎTRE

Merci, Serge Postigo, d’avoir réussi, dimanche après-midi, à me faire oublier les terribles images de Marioupol avec Les producteur­s. Après avoir joué le premier rôle de cette comédie musicale près de 400 fois à Paris, Postigo en a remanié le texte, en a fait la mise en scène et a repris son rôle de Max Bialystock dans une nouvelle production. Peutêtre la meilleure adaptation d’un succès de Broadway chez nous.

C’est longuet cette nouvelle mouture, mais on ne s’ennuie pas une seconde. Le rythme est soutenu, c’est drôle, la musique est entraînant­e, les chorégraph­ies de Steve Bolton sont époustoufl­antes et tous les rôles sont joués à la perfection. Dans les deux premiers rôles, Postigo et Tommy Joubert n’ont pas d’autre choix que l’excellence, car ils seraient vite éclipsés par l’étincelant­e Marianne Orlowski, une artiste française qui fait ses premiers pas au Québec.

L’oeuvre de Mel Brooks reprend au Capitole le 27 juin. L’occasion rêvée pour les citoyens de Québec et des environs d’oublier durant trois heures la question maudite du 3e lien !

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