Un autiste mis en contention à l’école à l’insu de ses parents
Leur garçon de 12 ans avait changé de comportement sans qu’ils sachent pourquoi
Les parents d’un garçon autiste qui a subi des mesures de contention à son école n’ont pas été informés de la situation, un événement « inacceptable » qui est loin d’être un cas isolé, selon la Fédération québécoise de l’autisme.
Véronique Lacombe avait bien remarqué que le comportement de son garçon de 12 ans avait changé depuis le retour en classe en janvier.
Mais ce n’est qu’au début avril qu’elle a découvert le « pot aux roses » en se rendant à l’école Hébert, à Laval, pour aller chercher son garçon en fin de journée.
En présence d’une intervenante, il a alors affirmé qu’il était « tanné de se faire prendre de force et empêcher de bouger », rapporte sa mère.
« J’ai sursauté. L’intervenante a sorti rapidement un guide des méthodes de contention et il a pointé des positions qui lui avaient été faites », raconte-t-elle.
Or, le protocole de crise mis en place pour Gabriel depuis 2019, que Le Journal a pu consulter, prévoit plutôt qu’il faut appeler les parents ou grands-parents dès que l’élève présente des signes de désorganisation ou encore le service de police.
« Les parents refusent que l’on fasse des mesures de contention, alors on fera le minimum pour sa sécurité et nous appellerons le 911 pour avoir du soutien. Les parents viendront le chercher », peut-on lire.
Mme Lacombe a par la suite appris que son garçon avait subi des mesures de contention « à plusieurs reprises », affirmet-elle, sans jamais en avoir été informée.
PAS UN CAS ISOLÉ
Or, il arrive « souvent » que des parents n’en soient pas informés, affirme la directrice générale de la Fédération québécoise de l’autisme, Lili Plourde.
« Ce n’est pas normal, ça n’a pas de bon sens, ç’a un impact sur la vie de l’enfant », laisse-t-elle tomber.
De son côté, le centre de services scolaire de Laval confirme qu’une intervention auprès de cet élève a été « nécessaire afin de protéger la sécurité des élèves et du personnel ».
Une enquête est en cours à la suite d’une plainte déposée par les parents, indique sa porte-parole, Annie Goyette.
« Lorsque de telles mesures sont prises pour intervenir auprès d’un élève, les parents en sont systématiquement informés », ajoute-t-elle.
TRAUMATISÉ À 8 ANS
Les parents de Gabriel avaient refusé les mesures de contention pour leur garçon à la suite d’un incident survenu quatre ans plus tôt, alors que Gabriel avait été maintenu physiquement par deux adultes de l’école L’envol, à Laval.
Sa mère décrit un événement « traumatisant » qui lui a laissé de graves séquelles sur le plan psychologique. « Ç’a été un enfer. Il voulait mourir », laisse-t-elle tomber.
Gabriel ne veut maintenant plus retourner à l’école. Sa mère a entrepris des démarches pour le scolariser à la maison.
De son côté, le ministre de l’éducation, Bernard Drainville, avait promis en décembre 2022 des directives plus claires pour encadrer les mesures de contention et l’utilisation des salles de retrait dans les écoles.
Le guide de référence se fait toujours attendre et le travail se poursuit, indique son cabinet.