Christian Dubé en appelle à la responsabilité des médecins
Il veut les voir continuer leur travail même sans rémunération supplémentaire
Le ministre de la Santé Christian Dubé en appelle au sens de la responsabilité des médecins pour continuer à prendre en charge des patients via le Guichet d’accès à la première ligne (GAP), malgré sa décision de mettre fin au forfait annuel de 120 $ en vigueur depuis deux ans. La FMOQ réplique que l’accès risque de diminuer.
Le ministre de la Santé a annoncé à la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) la fin de l’entente qui accorde un montant forfaitaire aux Groupes de médecine familiale (GMF) pour prendre en charge un patient orphelin.
Quelque 900 000 Québécois ont ainsi été inscrits auprès d’un GMF depuis deux ans. Pour obtenir un rendez-vous, ceux-ci devaient contacter le GAP, où ils étaient dirigés vers le professionnel de la santé pertinent.
Le montant était donc accordé pour la prise en charge, les médecins étant ensuite rémunérés selon les tarifs habituels au moment de la visite.
Mais la convention vient à échéance le 31 mai prochain et Christian Dubé refuse de la renouveler avant d’avoir obtenu les données sur le nombre de visites en cliniques réellement accordées grâce à cette formule.
« Il n’y aura pas plus d’argent s’il n’y a pas plus d’accès », affirme le ministre Dubé.
Selon une source gouvernementale, seulement la moitié des 900 000 patients inscrits depuis deux ans auraient vu un médecin à ce jour. Ce à quoi la FMOQ rétorque que des patients ont pu voir un médecin plusieurs fois, selon leurs besoins, et que 99 % des plages horaires rendues disponibles ont été comblées.
La question fera partie du renouvellement de l’entente générale que Québec doit renégocier de façon périodique avec la FMOQ.
Entre-temps, le ministre de la Santé demande aux médecins de continuer à voir les patients inscrits, même sans rémunération supplémentaire.
PRISE EN CHARGE
Pourtant, dès le mois prochain, le projet de loi 11 permettra au ministre de connaître les rendez-vous accordés par les cliniques médicales, présents et passés. Christian Dubé pourra donc obtenir une réponse à ses questions avant même la fin de l’entente actuelle avec la FMOQ, le 31 mai prochain.
De son côté, la fédération des médecins souligne qu’elle était ouverte à conserver l’approche actuelle jusqu’à la conclusion d’un nouvel accord.
Selon nos informations, l’entente a coûté à ce jour environ 100 millions $ par année, une somme issue de l’accord conclu entre les médecins de famille et le gouvernement Couillard à l’époque.
LA FMOQ MÉDUSÉE
En entrevue, le président de la FMOQ se dit « renversé et médusé » par l’annonce « unilatérale » du ministre Christian Dubé.
Grâce à cette entente, près d’un million de patients orphelins ont désormais accès à un médecin, plaide-t-il, en attendant de revoir le mode de rémunération pour implanter une approche axée sur la prise en charge, plutôt qu’un paiement à l’acte.
Mais surtout, le montant forfaitaire a permis à des cliniques d’attirer des médecins qui oeuvrent en milieu hospitalier ou qui étaient à la retraite, en plus d’embaucher des infirmières pour assurer une prise en charge.
Malgré près de cent médecins de moins qu’en 2022, la première ligne a réussi à voir plus de patients, souligne-t-il.
« On risque de perdre de l’accessibilité pour la population, déplore le Dr Amyot. Il risque d’y avoir des mises à pied de personnel qui avait été embauché dans les GMF, des infirmières qui vont être mises à pied dans les GMF... peut-être que c’est ça qu’il veut. »