Le Journal de Quebec

L’enquête sur les fuites à L’UPAC est terminée

Le dossier a été remis à la Couronne hier afin de déterminer si des accusation­s criminelle­s seront déposées

- JEAN-LOUIS FORTIN

Après plus de cinq ans et demi d’enquête, c’est maintenant à la Couronne de décider si des accusation­s criminelle­s doivent être déposées en lien avec les fuites d’informatio­n à l’unité permanente anticorrup­tion (UPAC).

Le Bureau des enquêtes indépendan­tes (BEI) a annoncé hier avoir complété la fameuse enquête baptisée Serment qu’il menait depuis la fin octobre 2018.

Cette enquête avait un double mandat :

■ Identifier le ou les responsabl­es des fuites d’informatio­ns privilégié­es sur plusieurs enquêtes de L’UPAC, qui ont mené à la publicatio­n de dizaines d’articles et de reportages dans les médias québécois entre novembre 2011 et septembre 2018. « Ces fuites ont eu des conséquenc­es sur ces enquêtes ainsi que sur le processus judiciaire », affirme le BEI dans un communiqué de presse.

■ Déterminer si d’anciens responsabl­es de L’UPAC ont pu commettre des infraction­s en tentant de découvrir le ou les auteurs de ces fuites. À l’été 2017, l’ex-patron de L’UPAC Robert Lafrenière avait lancé l’enquête interne Projet A pour trouver le « bandit » qui aurait coulé des informatio­ns confidenti­elles. Cette chasse aux sources avait notamment mené à l’arrestatio­n de Guy Ouellette, alors député de Chomedey, sur la base de mandats de perquisiti­on qui ont été invalidés par la suite. M. Ouellette n’a jamais été accusé.

« Aujourd’hui [hier], le 19 avril 2024, [...] le BEI a complété la transmissi­on de l’ensemble des rapports réalisés dans la poursuite de son mandat », a écrit le BEI hier.

DEUX FOIS DES MEA CULPA

« C’est sur la base de ces rapports que le DPCP déterminer­a si des infraction­s criminelle­s ont été commises, en fonction de son appréciati­on des faits analysés à la lumière du droit applicable », poursuit le texte.

Bien qu’on ne sache pas encore si des crimes ont été commis, la nouvelle direction de L’UPAC a déjà admis, deux fois plutôt qu’une, que des dérapages policiers ont eu lieu dans le cadre du Projet A.

Le 15 mars dernier, L’UPAC a reconnu que le Projet A avait causé du tort à ses ex-enquêteurs Stéphane Bonhomme et Richard Despaties, dont les domiciles avaient été perquisiti­onnés le 25 octobre 2017 dans le cadre de la chasse aux fuites.

« Des informatio­ns maintenant publiques soutiennen­t que l’enquête [Projet A] n’a pas été menée en tous points selon les règles de l’art », indiquait L’UPAC.

De plus, en juin 2021, le nouveau patron de L’UPAC Frédérick Gaudreau s’était excusé à Guy Ouellette, au nom de son organisati­on, pour son arrestatio­n « injustifié­e ».

« L’arrestatio­n de M. Guy Ouellette résulte d’une enquête fautive à certains égards », avait-il déclaré.

Au cours des dernières années, le projet Serment du BEI a mobilisé jusqu’à huit enquêteurs simultaném­ent et coûté plus de 10 M$ de fonds publics, notamment pour des honoraires profession­nels et des frais de déplacemen­t et d’hébergemen­t.

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PHOTO D’ARCHIVES, PIERRE-PAUL POULIN L’ex-patron de L’UPAC, Robert Lafrenière.

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