Voyage dans le temps au Centre Eaton
Le restaurant au neuvième étage a été complètement restauré, comme en 1931
Pendant 70 ans, le restaurant du neuvième et dernier étage de chez Eaton a marqué les Montréalais. En l’an 2000, il a fermé. Le voici qui réouvre en 2024 complètement restauré comme en 1931.
Ce n’est pas un ascenseur qui vous soulève jusqu’au neuvième étage de style Art déco de l’édifice du Centre Eaton au centre-ville de Montréal, c’est une machine à voyager dans le temps.
Les portes s’ouvrent et vous voilà en 1931.
À cette époque, le maire de Montréal Camillien Houde termine son premier mandat perturbé par le krach boursier, mais certains ont toujours beaucoup d’argent à dépenser.
« Lors de la faillite d’eaton, nous avons exigé une classification patrimoniale de l’intérieur de cet étage. Même la coutellerie a été préservée. Maintenant, on a droit à cette résurrection ! » se réjouit Taïka Baillargeon, directrice adjointe des politiques chez Héritage Montréal, l’organisme à qui on doit la survie de ce 9e étage.
PRÉSERVÉ PENDANT 25 ANS
À la faillite d’eaton, le fameux restaurant n’a donc pas été démantelé.
Un des architectes qui ont eu le mandat de préserver cet étage pour éviter sa dégradation en attendant un éventuel réveil était Georges Drolet, de EVOQ Architecture, et c’est aussi lui qui a eu le mandat de faire revivre l’endroit.
Je qualifierais M. Drolet de « restaumodernisateur ». Il modernise sans trahir l’esprit du lieu.
« Mon boulot, c’est d’avoir l’humilité de reconnaître que l’idée de l’architecte d’origine est aussi bonne et plus importante que les miennes », résume-t-il.
L’actuel 9e étage du Centre Eaton se veut donc le plus parfaitement fidèle que possible à l’oeuvre de l’architecte français Jacques Carlu, il y a 93 ans.
Nos lecteurs plus âgés qui ont connu l’endroit à la fin du 20e siècle ne l’ont jamais vu aussi beau !
« Les surfaces nickelées étaient jaunies par des décennies de tabagisme et, sur les planchers, on aperçoit les cratères des brûlures de cigare », me fait remarquer Jimmy Lévesque, le chargé de projet pour Ivanhoé Cambridge.
ULTRA ART DÉCO
Dans le style Art déco, les formes géométriques et les lignes épurées prédominent. Tout est Art déco ici. Les meubles, les bouches d’aération, les planchers, les murs, etc. Même les toilettes sont Art déco. Les éviers d’origine sont encore là.
L’éclairage artificiel ressemble à la lumière du jour parce qu’il est principalement indirect : les ampoules (invisibles) éclairent vivement une surface en alcôve.
« Les gens des concerts Candlelight sont venus faire un test récemment et la sonorité était magnifique », me confie Marco Gucciardi, un des entrepreneurs qui exploitera la salle.
Parce qu’un restaurant de 500 places au centre-ville n’était pas une idée envisageable, celui-ci sera situé dans les corridors, eux aussi très Art déco.
Il y aura un bar à cocktails. La grande salle principale sera accessible aux visiteurs, sauf si elle est utilisée par un événement.
Héritage Montréal organisera des visites guidées historiques.
Le restaurant ouvre au public le 17 mai, mais prend les réservations à compter du 1er mai.