Geoff Molson va ramener les Nordiques
Ce n’est pas grave si une autre ville a une équipe de la LNH avant Québec, car Geoff Molson s’occupera de ramener les Nordiques.
Beaucoup de gens s’imaginent que la situation des Coyotes a provoqué une furie chez les gens de Québec.
Ça fait plus d’une décennie qu’à Québec, on est prêt à avoir un club de la LNH, que la ligue s’en sacre complètement. Pendant ce temps, elle a décidé d’envoyer une équipe à Vegas, une à Seattle et là, une autre dans une ville de la même grosseur que Québec, qui possède un vieil aréna conçu pour le basketball.
Mais à Québec, la vie est belle. On y croyait, mais quand notre amour est parti à Vegas, on a compris qu’on n’y pouvait rien. Ça fait donc longtemps qu’on a repris le dessus, qu’on a décidé qu’on n’allait plus se faire du sang d’encre tant que ça n’allait pas être sérieux.
C’est pour ça que la saga des Coyotes, ça ne nous intéresse plus.
J’ai accès aux statistiques de lectures de nos articles. Il y a plusieurs années, tout ce qui concernait les Coyotes suscitait beaucoup d’intérêt. Parce qu’on avait de l’espoir. Mais récemment, ce n’est plus le cas. On est blasé.
« On » exclut la personne qui parle. Moi, je suis vraiment encore en colère. Presque tout le monde rappelle que c’est bien compréhensible que les Coyotes restent dans l’association de l’ouest. Qu’il était donc tout à fait normal qu’ils ne viennent pas à Québec.
Je ne suis pas tout à fait d’accord.
PAS DE PIROUETTE POUR QUÉBEC
Je le répète, la ligue a déjà été déséquilibrée. La ligue a déjà autorisé une équipe à jouer dans un aréna de hockey universitaire. Ces pirouettes, elles sont correctes quand c’est aux États-unis, mais impensables pour Québec.
On peut avaler tout ce que la LNH dit sur ce transfert à Salt Lake City, mais on peut aussi prendre un peu de recul pour réaliser à quel point tout ça est ridicule et aboyer, car on a toujours fait le bon chien.
Sauf qu’au fond, ça va servir à quoi ? À rien, j’en conviens.
On m’écrit souvent que tant que Gary Bettman est là, les Nordiques ne reviendront jamais. Je n’en suis pas si certain.
En théorie, Bettman ne fait qu’exécuter ce que les gouverneurs des équipes veulent. En pratique, les gouverneurs font confiance à Bettman et vont suivre ses recommandations. Ainsi, le commissaire est effectivement plus puissant que son rôle officiel.
Mais si les gouverneurs, ou les propriétaires, ne sont pas d’accord avec Bettman, ce dernier n’y pourra rien.
Le commissaire peut très bien ne rien vouloir savoir de Québec. Il peut très bien mépriser encore davantage le marché de Québec avec la situation qui se complique à Winnipeg. Les foules sont moins bonnes et les abonnements de saison ne se vendent pas assez. Pour Bettman, ça sonne : « À Québec, ce sera le même purin ».
LA SEULE VRAIE CHANCE
Mais, autant que plein de gens ne croient plus à Québec, autant la seule vraie chance pourrait se présenter et je pourrais avoir l’air moins utopique.
D’ici deux ans, la LNH va lancer un nouveau processus d’expansion. Ce n’est pas une cachette. Les jeux de coulisses font trop de bruit. Pour la conférence de l’est, il y aura deux villes candidates : Atlanta et Québec.
Oui, Québec sera de la course. Je mets ma main au feu, mais rapidement.
Atlanta, c’est sûr aussi. Comme dirait Gerry Boulet, pour une dernière fois, je l’espère.
Je pense aux propriétaires. Ce sont eux qui décident. Je comprends que Bettman ne veut rien savoir de Québec, mais les propriétaires ne peuvent pas tous souhaiter ardemment le retour du hockey à Atlanta, c’est impossible. Pas après deux échecs. Plusieurs d’entre eux seront réticents, poseront des questions ou n’y croiront pas.
Et c’est là que Geoff Molson pourrait se lever et prendre le leadership. C’est un leader solide. Il siège au comité exécutif de la ligue. Il a du poids auprès de Gary Bettman et de tous les propriétaires.
Il l’a dit en entrevue la semaine dernière sur les ondes de TVA Sports. Il aimerait tellement le retour des Nordiques. Il voterait en faveur.
« L’amphithéâtre est là, les partisans sont là, l’économie est là », a-t-il dit à mon collègue Renaud Lavoie.
« C’est un dossier qui est géré par la ligue. Nous attendrons les recommandations de la ligue. »
Mais il siège au comité exécutif de la ligue. Il fait partie de la ligue.
Est-ce que l’arrivée des Nordiques nuirait à sa rentabilité ? M. Molson dit ne pas avoir la réponse magique, mais estime, au contraire, que ce serait « bénéfique » pour son organisation, en raison de la rivalité.
Parfait alors ! L’occasion sera parfaite pour M. Molson si Québec est opposée à Atlanta.
M. Molson pourra faire son lobbying, convaincre d’autres propriétaires, utiliser son influence auprès de Gary Bettman et l’affaire est quasiment ketchup.
LE LEADER
Toujours durant cette entrevue, Geoff Molson a insisté pour répéter qu’il était sincère concernant le retour des Nordiques.
Il a certainement le droit de dire tout ça et de ne pas lever le petit doigt, car il a déjà beaucoup d’ouvrage et une organisation à administrer.
Mais il peut aussi jouer un rôle de leader auprès des autres propriétaires afin de les convaincre que la LNH aurait plus de succès à Québec qu’à une place où le hockey a foiré deux fois.
C’est le « coeur » de Molson qui racontait qu’il croyait que le retour du hockey à Québec serait bénéfique.
Avec ce même coeur qui parle de tout ça avec aplomb, Geoff Molson pourrait devenir le meilleur lobbyiste pour le retour des Nordiques.
Oui, j’ai mis des lunettes roses plusieurs fois pour cette chronique. Mais au fond de moi, je crois tout de même que Geoff Molson peut jouer un rôle majeur concernant le retour de la LNH à Québec.