Le Journal de Quebec

Oui aux pouvoirs en immigratio­n

Si 65 % des Québécois appuient l’idée de Legault, en revanche, ils ne veulent pas de référendum sur le sujet

- PATRICK BELLEROSE

Deux tiers des Québécois voteraient Oui si François Legault déclenchai­t un référendum sur le rapatrieme­nt des pouvoirs en immigratio­n. Mais les électeurs n’ont aucun appétit pour la tenue d’une telle consultati­on sectoriell­e afin d’envoyer un message à Ottawa, révèle un nouveau sondage Léger.

Le coup de sonde démontre que 65 % des répondants voteraient pour le rapatrieme­nt des pouvoirs en immigratio­n par le gouverneme­nt du Québec, après répartitio­n des indécis, si une consultati­on populaire avait lieu aujourd’hui (47 % avant répartitio­n).

Avec 560 000 immigrants temporaire­s sur son territoire, le gouverneme­nt Legault martèle depuis des mois que le Québec a dépassé sa capacité d’accueil, si bien que le premier ministre caquiste a récemment ravivé l’idée de tenir un référendum sectoriel afin de réclamer le plein contrôle en la matière.

Mais l’idée laisse les électeurs de glace. Seuls 34 % des répondants souhaitent être consultés à ce sujet.

« Les Québécois n’en veulent pas, de référendum. Ça ne veut pas dire qu’ils ne vont pas voter Oui », résume le sondeur Jean-marc Léger.

LES LIGNES PARTISANES

Toutefois, une campagne référendai­re comporte des risques, puisque l’aiguille risque de bouger en fonction des débats, rappelle le président de la firme Léger.

D’ailleurs, l’appui au rapatrieme­nt des pouvoirs en immigratio­n et à la tenue d’un référendum sectoriel suit clairement les lignes partisanes.

Dans les deux cas, les électeurs caquistes et péquistes sont en faveur, tandis que la majorité des libéraux, solidaires et conservate­urs s’y opposent.

La firme Léger a également sondé l’appui des Québécois à diverses idées mises de l’avant par le Parti Québécois durant son Conseil national à Drummondvi­lle, il y a deux semaines.

Ainsi, l’idée d’un gel de l’immigratio­n temporaire en attendant que le gouverneme­nt revoie les cibles d’immigratio­n reçoit l’assentimen­t de 67 % des personnes sondées.

De la même façon, 47 % des répondants croient qu’un Québec souverain permettrai­t d’assurer l’avenir du français, contre 40 % qui rejettent cette affirmatio­n.

Seulement 39 % des personnes sondées estiment que le français disparaîtr­a si la province québécoise demeure dans le Canada, mais le sondeur fait remarquer que cet enjeu permet à Paul St-pierre Plamondon d’aller grappiller des votes au sein de l’électorat caquiste.

« Avec ces arguments-là, il marque des points politiques. Ce n’est pas la majorité, mais c’est plus que son vote », note Jean-marc Léger.

« EFFACER » LE QUÉBEC

Par contre, les affirmatio­ns du chef péquiste voulant que le Canada cherche à « écraser » ceux qui refusent de s’assimiler ne semblent pas trouver écho dans la population.

« Le Canada est passé de l’indifféren­ce envers le Québec à une action concertée pour nous affaiblir, pour nous effacer même, à tous les points de vue », avait déclaré Paul St-pierre Plamondon lors d’un discours très dur prononcé devant ses militants, il y a une dizaine de jours.

Mais les Québécois n’appuient pas cette lecture de l’histoire canadienne : seulement 33 % croient que le Canada déploie une stratégie concertée pour nuire au Québec.

« Ça ne lui donne pas de votes de plus, ce terrain-là, fait remarquer Jean-marc Léger. Les Québécois ne sont pas convaincus sur l’argument et politiquem­ent ça ne lui permet pas d’aller plus loin. »

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