Des vies qui auraient pu être épargnées
Un avertisseur de fumée fonctionnel pouvait potentiellement éviter la tragédie du 24 décembre 2022
Les décès d’une mère, de son fils et de son copain, dans un violent incendie à la veille de Noël dans Portneuf en 2022, auraient « potentiellement » pu être évités si leur avertisseur de fumée avait été en bon état de marche, avance la coroner.
Peu après 4 h du matin, le 24 décembre 2022, la municipalité de Saint-basile était plongée dans le noir dans le sillage d’une tempête hivernale qui a nécessité un délestage par Hydro-québec.
Selon la coroner Me Sophie Régnière, un voisin dans le triplex du rang Sainte-angélique a entendu un « bip » provenant de l’appartement des victimes.
Le bruit ressemblait, selon lui, au signal intermittent d’un avertisseur de fumée dont la pile est faible. Il est allé cogner à leur porte, mais n’a eu aucune réponse.
« Ce son était-il trop faible pour réveiller [les victimes] ? » se questionne la coroner dans son rapport déposé à la fin de mars.
Selon elle, « un avertisseur de fumée avec une bonne pile aurait permis d’alerter les occupants du logement et potentiellement [d’]éviter leur décès. »
VAPEURS TOXIQUES
Vanessa Pelletier, 35 ans, son fils, Dylan, 5 ans, et son ami de coeur, Anthony Biasotto, 32 ans, sont décédés des suites de l’inhalation de gaz et de vapeurs toxiques.
L’enquête policière n’a pas permis d’identifier avec certitude la cause du brasier, mais l’origine criminelle est écartée. La coroner émet diverses hypothèses, sans en retenir une hors de tout doute.
Par exemple, Mme Pelletier aimait les chandelles et vivait avec deux chats et deux chiens. Une chandelle sans surveillance aurait pu être renversée par un animal, ou encore un article de fumeur aurait pu contribuer au drame, soumet-elle.
La possible présence d’un poêle de camping dans la cuisine et l’encombrement du logement, qui pourrait avoir participé à la propagation des flammes, sont aussi évoqués.
D’autre part, la présence de méthamphétamine a été détectée dans les échantillons sanguins des adultes.
PRÉVENTION DES INCENDIES
Le rapport souligne qu’une inspection préventive par les pompiers aurait permis de détecter des non-conformités, mais qu’à Saint-basile « il est impensable de faire une vérification systématique de toutes les adresses » pour des raisons budgétaires et d’effectifs.
Contacté par Le Journal ,le directeur du Service des incendies de Saint-basile, Cédric Plamondon, se dit surpris par cette affirmation.
Un formulaire d’auto-inspection est distribué aux citoyens et le taux de retour est de 75 %, explique-t-il, ce qui serait plus efficace que le porte-à-porte, étant donné que les résidents sont souvent absents.
Ceux qui ne répondent pas au formulaire sont ciblés par des visites de prévention, ajoute-t-il.
« C’est pour une raison d’efficience. Ça fait plusieurs années qu’on fait ça et c’est une action qui est prévue dans notre schéma de couverture de risque, donc qui est acceptée par le ministère de la Sécurité publique », soutient M. Plamondon.
« Il n’y a pas de question budgétaire », insiste-t-il, disant que son service « est prêt à s’améliorer », mais désire « éclaircir » le tout avec la coroner.