18 ans en prison pour rien ?
Il subira un nouveau procès pour un double meurtre d’il y a 45 ans
Un homme condamné pour un double meurtre qu’il soutient n’avoir jamais commis obtient, 45 ans plus tard, un nouveau procès ordonné par le ministre de la Justice.
Il aura fallu plus de quatre décennies pour que Claude Paquin obtienne une nouvelle chance, lui qui avait été reconnu coupable des meurtres de Ronald Bourgouin et de Sylvie Revah survenus en 1978.
« Je vais enfin être un homme totalement libre », nous a confié Paquin, lui qui devait encore se conformer à des conditions strictes de remise en liberté.
À l’époque, le délateur vedette Bernard Provençal avait témoigné contre Paquin et prétendait que ce dernier avait commandé le meurtre du couple après un litige en Amérique du Sud. Leurs ossements avaient été découverts par deux chasseurs à Saint-colomban, dans les Laurentides, plusieurs mois après leur disparition.
Paquin avait été reconnu coupable de deux chefs de meurtre prémédité cinq ans plus tard, en 1983.
L’homme, qui a toujours clamé son innocence, a passé 18 ans derrière les barreaux avant d’obtenir sa libération conditionnelle. En 2020, il s’est adressé au ministre de la Justice pour obtenir une révision de ses condamnations.
Son histoire a été racontée dans le cadre de l’émission Projet Innocence Québec, qui faisait découvrir le travail d’avocats et d’étudiants qui tentent de faire la lumière sur des cas d’erreurs judiciaires.
Selon la demande de révision dont notre Bureau d’enquête a obtenu copie, Provençal aurait menti à plus d’une occasion sur plusieurs faits clés, ce qui a notamment amené le ministre de la Justice à accorder la demande de révision de l’homme de 81 ans.
« Il y a des motifs raisonnables permettant de conclure qu’une erreur judiciaire s’est probablement produite », affirme le ministre de la Justice du Canada, Arif Virani, dans un communiqué paru hier.
Sa conclusion « découle de l’obtention de la découverte de nouveaux renseignements importants (...) qui remettent en question l’équité du processus ».
Les avocats de Claude Paquin qui agissaient dans le cadre du Projet innocence Québec ont évoqué plusieurs faits troublants dans leur demande de révision.
Ils prétendent notamment que le délateur Provençal aurait comploté avec les policiers afin de le faire condamner, d’avoir monnayé sa version des faits et d’avoir obtenu des avantages de la police qu’il n’a jamais divulgués.
RIEN À VOIR
Le délateur Provençal aurait finalement déclaré dans un affidavit 13 ans plus tard que Paquin n’avait rien à voir avec ce double meurtre, ce qui n’a pas été suffisant pour que la Cour suprême du Canada ordonne elle-même un nouveau procès.
« Ce fut plusieurs années de travail. Monsieur Paquin peut maintenant marcher la tête haute », a indiqué son avocate Julie Harinen.
L’affaire devra être renvoyée devant les tribunaux du Québec, où l’on déterminera de la suite des choses en tenant compte que plusieurs témoins et personnes clés sont maintenant décédés.