Le Journal de Quebec

JOCELYN SAINT-PIERRE, FÉRU DE L’HISTOIRE DU QUÉBEC

- Chroniqueu­se politique karine.gagnon@quebecorme­dia.com Karine Gagnon

À ne pas manquer, mercredi soir à 20 h 30, sur les ondes de Matv (chaîne 9 [Helix et illico], 609HD [Illico]), l’émission Le Carnet de Karine à propos de Jocelyn Saint-pierre.

Historien qui a fait carrière à la Bibliothèq­ue de l’assemblée nationale, où il a dirigé plusieurs équipes, Jocelyn Saint-pierre travaille sur la première biographie de Jean Lesage, ouvrage qui s’ajoutera à de nombreux autres qu’il a publiés au fil des ans.

« Imaginez-vous que je me suis embarqué dans un projet un peu fou », lance M. Saint-pierre, qui a dirigé au fil de sa longue carrière des équipes d’historiens, d’archiviste­s et de documental­istes.

Lorsqu’il a travaillé sur la période de la Révolution tranquille, M. Saint-pierre a constaté qu’il n’existait aucune biographie de ce grand premier ministre.

Il n’y avait qu’un ouvrage relatant les six années où il fut premier ministre.

Durant cette période très chargée, M. Lesage a amorcé la nationalis­ation de l’électricit­é, a créé le ministère de l’éducation, la Caisse de dépôt et placement du Québec et la Régie des rentes.

Sauf que la vie et la carrière de M. Lesage, avocat de formation décédé en 1980 et qui a d’abord fait carrière sur la scène fédérale, représente­nt beaucoup plus. L’historien a eu envie d’en retracer le récit.

La publicatio­n est prévue pour le prochain Salon du livre de Québec, au printemps 2025.

UN TRÉSOR NATIONAL

M. Saint-pierre parle avec passion de ses années à la Bibliothèq­ue de l’assemblée nationale, d’où il est retraité depuis plusieurs années. « J’étais un rat de bibliothèq­ue », lance-t-il.

Tous les parlements sont dotés de bibliothèq­ues, qui sont mises à dispositio­n des députés.

Il ne s’agit pas d’un endroit public, mais comme elle est tellement riche et débordante de documents importants, la Bibliothèq­ue de l’assemblée nationale accueille aussi les chercheurs et les visiteurs, lors d’exposition­s par exemple.

L’immeuble est magnifique, et la Bibliothèq­ue est désormais à la fine pointe de la technologi­e.

« J’ai fréquenté plusieurs sites internet, mais celui de l’assemblée est l’un des plus beaux et des plus faciles à consulter. »

On y retrouve une collection de photograph­ies, qui permettent de retracer les différente­s époques.

Les élus déposent leurs archives aux Archives nationales, mais les députés peuvent faire de même auprès de la Bibliothèq­ue.

Dans le cadre de son travail, M. Saint-pierre a d’ailleurs été chargé d’inciter les députés à procéder, pour le bien de la mémoire collective.

TERREAU FERTILE

Aîné d’une famille de 10 enfants, Jocelyn Saint-pierre a grandi à Jonquière, au Saguenay. Pour l’anecdote, nous avons fréquenté la même école primaire, l’école Saint-luc, chacun à notre époque.

Ses grands-parents étaient originaire­s du Lac-saint-jean, mais ont déménagé au Saguenay après la Seconde Guerre.

« Mon père adorait la politique, ses frères étaient organisate­urs de l’union nationale. Je me souviens d’être allé, à l’élection de 1956, à Laterrière chez mon oncle, à un rassemblem­ent politique. »

Ce terreau fertile l’a amené à s’intéresser très jeune aussi à la politique. « Des fois, les adultes ne me donnaient pas toujours la parole, mais je donnais mon avis quand même. »

Il se souvient que plusieurs de ses oncles, qui avaient des contrats du gouverneme­nt, les ont tous perdus lorsque Jean Lesage a été élu.

Au collège, il était fort dans deux matières : les arts plastiques et l’histoire.

C’est cette matière qu’il a choisie pour ses études chez les Oblats, puis à l’université du Québec à Chicoutimi, où il a fait son baccalauré­at.

Désireux de poursuivre à la maîtrise, il s’est orienté vers l’université Laval. Son mémoire portait sur le quartier Saint-roch. Il complétera plus tard son doctorat.

Recruté à la Bibliothèq­ue de l’assemblée nationale, M. Saint-pierre a eu l’occasion de travailler sur un répertoire de la presse québécoise.

Il a aussi contribué, avec toute une équipe, à la reconstitu­tion des débats, qui avaient commencé à être consignés dans les années 1960, au Québec. Ç’a été un véritable travail de moine.

TRIBUNE DE LA PRESSE

Au fil des ans, M. Saint-pierre a publié plusieurs ouvrages des plus étoffés et pertinents. Il y a eu le livre

Québec, quatre siècles d’une capitale,

paru à l’occasion du 400e anniversai­re de la ville de Québec et sur lequel ont travaillé une vaste équipe de fonctionna­ires.

« Ç’a été un grand succès, on a une médaille de l’assemblée ».

Il a aussi publié deux livres sur l’histoire de la Tribune de la presse à Québec, sujet sur lequel a porté sa thèse de doctorat.

Il a passé en revue les années de la Tribune avant 1960, dans le premier tome, et de 1960 à nos jours, dans le second.

Cette Tribune était composée pendant un bon moment exclusivem­ent d’hommes, jusqu’à l’arrivée d’evelyn Dumas, en 1962, dans la même période où Claire Kirkland-casgrain est devenue la première députée de l’histoire du Québec.

AUX PREMIÈRES LOGES

L’historien s’estime privilégié d’avoir pu être aux premières loges de plusieurs grands moments de l’histoire politique québécoise, grâce à son travail.

« Nous, on faisait partie du décor », dit-il, se rappelant notamment « René Lévesque, qui marchait toujours très vite », et « Robert Bourassa, un grand seigneur ».

Malgré sa retraite, l’histoire continue d’occuper une grande place dans sa vie. « Ma conjointe vous dirait qu’elle occupe encore trop de place », glisse-t-il.

Il jure cependant qu’il s’accordera une pause après la parution du livre sur Jean Lesage.

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PHOTO STEVENS LEBLANC L’historien Jocelyn Saint-pierre s’estime privilégié d’avoir pu être aux premières loges de plusieurs grands moments de l’histoire politique québécoise grâce à son travail.
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